Les élections en Grèce électrisent l’Europe économique

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Tout compromis, suite aux élections grecques de dimanche, forcera l’Europe à comparer le risque d’une sortie de l’euro de la Grèce, aux effets potentiellement “dévastateurs”, contre celui d’une indulgence qui pourrait passer pour de la complaisance.

Une renégociation des aides à la Grèce sera incontournable après les élections


Une renégociation du programme d’aide à la Grèce de 130 milliards d’euros du FMI et de l’UE est à peu près inévitable quel que soit le résultat des élections de dimanche, selon des analystes, mais tout le monde devra faire des concessions.


Jusqu’à présent, le Fonds monétaire international et l’Allemagne, très influente dans la politique européenne envers la Grèce, insistent sur le fait que tout nouveau gouvernement devra respecter les promesses faites en mars. Mais ils n’auront pas vraiment le choix et devront de nouveau discuter avec Athènes, qui est déjà en retard sur ses engagements.


Les analystes soulignent qu’un ajustement du programme d’aide sera plus facile si c’est le parti conservateur de la Nouvelle Démocratie (ND), qui l’emporte. Son patron, Antonis Samaras, s’est déjà engagé à respecter le programme prévu, sous réserve d’aménagements. Mais la ND est au coude-à-coude avec le parti de gauche radicale Syriza d’Alexis Tsipras, qui vient de commencer à demander une renégociation du pacte après avoir appelé pendant des semaines à son abandon pur et simple.


Tout compromis forcera l’Europe à comparer le risque d’une sortie de l’euro de la Grèce contre celui d’une indulgence qui pourrait passer pour de la complaisance. “La question, c’est de savoir si le nouveau gouvernement voudra négocier de bonne foi, et si l’Union européenne voudra toujours aider, résume l’ancien économise du FMI Simon Johnson, aujourd’hui professeur à l’université MIT. Le FMI fera ce qu’il pourra, mais on commence à être à court d’options.”


Jacob Kirkegaard, de l’institut Peterson sur l’économie internationale à Washington, estime probable qu’un accord sera trouvé quel que soit le résultat des élections : “A mon avis, même une victoire de Syriza ne conduira pas la Grèce à quitter l’euro, ce qui reste toujours selon moi une probabilité très très faible. La réalité, c’est qu’environ 70 % des électeurs grecs sont toujours opposés à une sortie de l’euro.”


Tant le FMI que les partenaires européens de l’Allemagne ont fait savoir qu’ils étaient favorables à un certain ajustement. En tout état de cause, c’est du côté européen que devront venir les compromis, souligne Jacob Kirkegaard, parce que le FMI a clairement dit en mars que ses conditions n’étaient plus négociables après que la Grèce eut déjà échoué à tenir ses engagements lors d’un premier programme.


Mais les réformes structurelles critiquées par Alexis Tsipras, elles, seront plus difficiles à renégocier, relève Jacob Kirkegaard. Tout dépendra de la confiance que l’Europe sera prête à accorder à un gouvernement qui a échoué deux fois de suite à tenir ses engagement.


Une sortie de la Grèce de l’euro aurait un “effet dévastateur” (Juncker)


Le président de l’Eurogroupe, le Premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker, a estimé qu’une sortie de la Grèce de l’euro et de l’Union européenne aurait un “effet dévastateur”, dans une interview publiée samedi par le quotidien autrichien Kurier : “Indépendamment des conséquences économiques et sociales pour la Grèce seule, (un retrait d’Athènes de l’UE) serait un préjudice pour la zone euro et pour la cohésion de la zone euro”, a-t-il mis en garde à la veille d’une élection cruciale en Grèce.


“Il faut empêcher cela. Cela aurait un effet dévastateur. Les Grecs doivent en être conscients”, a poursuivi le président de l’Eurogroupe.


Les Grecs se rendent aux urnes demain dimanche pour des élections législatives et pourraient porter au pouvoir la gauche radicale, opposée aux mesures d’austérité impopulaires imposées par la Commission européenne. “Si la gauche radicale l’emporte… les conséquences sur l’union monétaire sont imprévisibles”, a-t-il déclaré, soulignant que l’UE devait discuter avec le nouveau gouvernement grec, quel qu’il soit.


“Cela doit être clair pour les Grecs. On ne peut pas négocier sur le contenu du programme d’austérité pour la Grèce”, a rappelé Jean-Claude Juncker, qui a cependant évoqué jeudi une possible prolongation des délais pour la mise en oeuvre des mesures d’austérité.


Le président de l’Eurogroupe a précisé qu’il serait dimanche en contact téléphonique avec le gouverneur de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, et le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, mais qu’une position officielle ne sera donnée que lundi.


Carrefour se désengage en partie de Grèce, essuyant une charge de 220 millions d’euros


Carrefour n’a pas attendu le résultat des élections de dimanche pour annoncer, vendredi, qu’il cédait à son partenaire grec Marinopoulos sa part dans leur société commune, qui gérera en franchise tous ses magasins dans cette région frappée par la crise, moyennant une charge d’environ 220 millions d’euros sur ses comptes.


Carrefour, n° 1 en Grèce, restera présent via ses enseignes mais limitera les risques puisqu’il n’aura plus de présence capitalistique locale. Marinopoulos deviendra franchisé exclusif en Grèce, à Chypre, en Bulgarie, en Albanie et dans d’autres pays des Balkans, a-t-il précisé. Cette réorganisation vise à “faire face aux défis posés par le contexte économique grec”, selon un communiqué.


Le n° 2 mondial de la distribution, à la peine en Europe, ne communique pas le montant global de l’opération mais annonce qu’elle le conduira à passer dans ses comptes une charge d’environ 220 millions d’euros, “essentiellement” sans sortie de liquidités et donc sans augmentation de son endettement.


Carrefour, entré sur le marché grec en 1991, comptait 41 hypermarchés, 287 supermarchés et 479 magasins de proximité en Grèce et à Chypre fin décembre 2011, tous détenus par la société commune. La Grèce a représenté en 2011 2,7 % d’un chiffre d’affaires mondial hors taxes de 81,3 milliards d’euros.


La cession de la totalité de la participation du français dans la société commune Carrefour Marinopoulos devrait être bouclée “dans les semaines à venir”, sous réserve du feu vert des autorités de la concurrence, selon le communiqué.


Trends.be, avec Belga

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