Les effets “positifs mais incertains” du séisme au Japon

© Reuters

Le séisme au Japon ne devrait pas déprimer durablement les marchés mondiaux, estime un économiste d’ING, car l’Archipel “n’est plus un moteur de croissance de l’économie mondiale”. La catastrophe pourrait même avoir des conséquences “positives”.

Le séisme de magnitude 8,9 qui s’est produit vendredi au nord-est du Japon aura, a priori, des effets négatifs à court terme sur les marchés financiers mondiaux, étant donné le coût important lié aux dégâts mais il pourrait également, à long terme, présenter des aspects positifs en termes d’investissements, a indiqué Oscar Bernal, économiste à la banque ING, interviewé par l’agence Belga.

La situation est inquiétante au niveau des marchés financiers et plus spécifiquement dans le secteur des assurances : “Les faits dévastateurs représentent un coût important et des financements devront être trouvés pour la reconstruction, précise l’économiste. Le Japon est une puissance économique, certes, mais à très faible croissance et pas encore véritablement sortie de la crise financière.”

A plus long terme, en revanche, les effets pourraient être “positifs”, concède Oscar Bernal, à partir du moment où “la reconstruction des zones touchées pourrait se traduire par des investissements favorables à l’emploi et à la croissance en général. Cela étant dit, ces effets sont difficiles à évaluer tant que l’on ne dispose pas d’un bilan définitif des dégâts et du nombre de victimes.”

Quoi qu’il en soit, “l’événement ne devrait pas déprimer durablement les marchés mondiaux ni inverser les grandes tendances car le Japon n’est plus un moteur de croissance de l’économie mondiale. Si un événement semblable devait arriver en Chine, cela poserait nettement plus de problèmes.”

Le yen chutait vendredi matin à la bourse de Tokyo, “conséquence de l’inquiétude des marchés quant au temps que prendra le Japon pour se relever”, selon le spécialiste.

“Avec l’avancée du travail humanitaire et le rétablissement des infrastructures, l’économie nipponne reprendra son rétablissement”

Shogo Maeda, head of Japanese equities chez Schroders, ne parle pas, dans le Quickview publié lundi, d’aspects “positifs” liés au séisme et au tsunami. Le spécialiste de la finance nipponne estime néanmoins que, même si l’activité économique de son pays “est destinée à décliner à court terme”, elle devrait, “avec l’avancée du travail humanitaire et le rétablissement des infrastructures, reprendre son rétablissement”.

La région la plus touchée par le tremblement de terre et le tsunami compte pour environ 7 % de la production nationale, chiffre l’économiste. La zone de Tokyo est restée largement sauvegardée par le séisme et, jusqu’à présent, les marchés financiers fonctionnent comme d’habitude.

“Sur base des informations disponibles, nous ne pensons pas qu’il y ait eu des dommages globaux sérieux causés au suivi des activités de nombreuses entreprises japonaises, conclut Shogo Maeda. Nous estimons que le marché se stabilisera de plus en plus avec l’arrivée de nouvelles informations quant aux dommages subis par les entreprises.”

Le Japon est bien armé pour absorber le choc économique du séisme, selon Moody’s

Moody’s estime lundi, dans une note, que le Japon est bien armé pour faire face aux conséquences économiques du séisme de vendredi, notamment en raison de l’importance de son épargne qui pourra être mobilisée pour financer la reconstruction du pays.

Pour l’agence de notation, le Japon, dont l’économie pèse 6.000 milliards de dollars, soit “les économies allemande et italienne réunies”, a la “capacité d’absorber le choc dans le temps. En général, les économies riches ont prouvé qu’elles étaient en mesure de faire face à des catastrophes naturelles.”

Moody’s souligne le rôle-clé de la banque centrale du Japon dans le soutien apporté à l’économie, via des injections massives de fonds, mais aussi de l’épargne, qui devrait amplement satisfaire les besoins accrus de financement du gouvernement. A cet égard, les dépenses liées à la reconstruction, en stimulant les investissements publics, devraient compenser l’arrêt de la production et l’effondrement de la demande, ajoute l’agence.

S’agissant des entreprises et des établissements financiers, Moody’s indique que le séisme devrait avoir un “effet limité” sur leur note. Sur les entreprises, l’impact du séisme devrait être limité à une interruption momentanée de leurs activités faute de courant, voire à des arrêts prolongés dans les régions les plus touchées par la catastrophe. Mais les entreprises, qui par ailleurs sont assurées, devraient régler des dépenses de réparation sans que leur note n’en soit affectée.

Quant aux banques, la “grande majorité” d’entre elles devraient voir leur note inchangée, conclut Moody’s.

Trends.be

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