Les économistes racontent-ils n’importe quoi?

Les économistes se voyaient en mathématiciens. Ils sont aujourd’hui en plein doute. De l’explosion du modèle LTCM en 1998 à l’attribution en octobre dernier d’un prix Nobel à des tenants de thèses contradictoires, les “bugs” de l’économie ne manquent pas. Etat des lieux d’une science en crise.

Le 23 octobre 2008, lorsqu’il est interrogé par le Congrès sur la crise financière qui fait rage, le président de la Federal Reserve Alan Greenspan fait une curieuse confession. A un congressman qui lui demande si son idéologie l’a poussé à prendre des décisions qu’il a regrettées ensuite, il répond : “Oui. J’ai trouvé des faiblesses (dans ma pensée).” Et il ajoute avoir été “très ébranlé par ce fait”.

Il n’est pas le seul. Depuis six ans, on ne compte plus les publications d’ouvrages très critiques sur la science économique. Bruno Colmant, partner chez Roland Berger et professeur de finance à l’UCL et à la Vlerick School est un des auteurs, avec l’anthropologue Paul Jorion et le journaliste Marc Lambrechts, du livre intitulé Penser l’économie autrement qui sortira à la rentrée. “La science économique est en crise, affirme Bruno Colmant. Elle se voulait une science dure comme les mathématiques. A tort, dit-il. On avait oublié que l’économie agit dans un cadre politique.”

Certains se demandent même si cette “science” a, ne fût-ce qu’un peu, progressé. “En 1971, il était clair que les économistes savaient beaucoup plus de choses qu’en 1931. Est-ce aussi clair lorsque nous comparons 2011 à 1971 ? Je pense qu’en réalité, dans bien des domaines, on en savait davantage en 1971”, remarque le prix Nobel d’économie et éditorialiste au New York Times Paul Krugman.

Lisez aussi l’avis de Paul De Grauwe, économiste et professeur à la London School of Economics

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