Les dix travaux de Di Rupo: les soins de santé (8/10)

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L’assurance maladie coûte de plus en plus cher. À terme, cette croissance sera impayable. Même si le gouvernement Di Rupo le sait, les remèdes apportés par Onkelinx servent surtout à boucher les trous. Il faut un assainissement plus profond.

Les soins de santé belges se sortent toujours bien des études comparatives internationales. La satisfaction des patients est grande alors que – comparé aux pays voisins – les dépenses restent dans la moyenne. Laurette Onkelinx a commencé sa note d’orientation de décembre 2011 dans cette perspective. En lui permettant de se succéder à elle-même en tant que ministre des Affaires, le gouvernement Di Rupo l’a récompensée de sa politique.

Endiguer les dépenses en hausse

Avant qu’Onkelinx devienne ministre des Affaires Sociales, Rudy Demotte se trouvait à la tête du département. Durant cette période, les dépenses en santé publique se sont envolées : l’assurance maladie coûte 27 milliards d’euros. Ajoutez-y le ticket modérateur et les dépenses non remboursées et vous dépasserez largement les dix pour cent du Produit intérieur brut (PIB). Avant les années 2000, ce chiffre ne s’élevait qu’à 7 pour cent.

L’augmentation des dépenses liées aux soins de santé s’explique en partie par le vieillissement, mais est surtout par les prix élevés engendrés par les progrès médicaux. Une bonne politique arrive à équilibrer ces éléments. La difficulté de l’exercice s’est avérée en mai lorsque l’INAMI a rapporté une augmentation de 23,2 pour cent pour les dépenses de l’assurance maladie belge. Une telle augmentation en cinq ans de temps est intenable.

Cette augmentation a ravivé la discussion sur la norme de croissance de 4,5 pour cent. Cette norme de croissance est le principe de base assez rudimentaire du modèle de concertation de l’assurance maladie belge qui veut que l’on parte des dépenses de l’année précédente additionnées de la norme de croissance de 4,5 pour cent en ajoutant l’inflation. Ce taux de croissance élevé a été instauré en réaction à la norme de croissance très stricte introduite par Jean-Luc Dehaene dans les années nonante. Lorsque Frank Vandenbroucke était ministre des Affaires Sociales, il a haussé la norme à 2,5 pour cent. Demotte l’a fait passer à 4,5 pour cent afin de maîtriser les coûts liés au vieillissement ainsi qu’à l’évolution technologique.

Ces dernières années le secteur médical en Belgique a donc connu un taux de croissance de plus de 6 pour cent par an (y compris l’inflation), ce qui est beaucoup plus rapide que la progression du PIB.
Travaux de restauration fondamentaux

Les pour cent et les chiffres cachent un peu les travaux de restauration nécessaires ne serait-ce que pour parvenir à suivre l’innovation médicale et les besoins sociaux liés au vieillissement. Si notre assurance maladie peut sembler entretenue en permanence, il lui faut des travaux de restauration en profondeur même si le système est toujours de qualité.

Les postes de dépenses les plus importants sont les honoraires des médecins (plus de 7 milliards), le financement d’hôpitaux et de maisons de repos – 7,5 milliards – et le secteur pharmaceutique (plus de 4 milliards). Quand Onkelinx cherche à économiser, elle se focalise surtout sur les honoraires des médecins et le budget de médicaments. Les observateurs attribuent cette concentration à la politisation du paysage hospitalier.

Il n’est donc pas étonnant que les critiques de ces dernières années viennent surtout des secteurs touchés par les mesures d’économie. Le plus grand syndicat de médecins ABSYM s’est violemment opposé à la suppression des suppléments d’honoraires pour les chambres de deux personnes. En outre, l’obligation de substitution de certains médicaments a déclenché de vives réactions de la part des entreprises pharmaceutiques. Dans le secteur hospitalier, l’extension des montants de référence, où un forfait doit supprimer les différences entre mêmes affections entre les hôpitaux, reste coincé au stade de préparation.

La promotion de la profession de généraliste reste également au stade de promesse alors que c’est pourtant la clé pour contrer la surconsommation dans les hôpitaux. Si le gouvernement Di Rupo veut préparer l’assurance maladie à un avenir sain, il faut rééquilibrer les honoraires. Les spécialistes gagnent beaucoup plus que les généralistes qui sont relativement mal payés.

Il faut une refonte fondamentale du mécanisme de financement du monde hospitalier. Actuellement, les hôpitaux n’arrivent pas à boucler leur financement sans demander aux médecins qui y travaillent de céder une partie de leurs honoraires. Et même alors, en 2012, un quart des hôpitaux étaient en déficit. Si le prochain gouvernement veut éviter que trop de plomberie rende l’offre hospitalière inefficace, il faut modifier les mécanismes de financement existants.

Méli-mélo régional

La sixième réforme de l’état a prévu le transfert d’un grand nombre de compétences -pour 5 milliards d’euros – vers les régions.
Les mutuelles craignent que la réforme de l’état ne complique les soins. Les compétences restent éparpillées aux différents niveaux . Le risque de gaspiller de l’énergie à une nouvelle répartition de compétences est très grand et empêche la préparation des soins de la santé à un avenir payable. Dans cette optique, le prochain gouvernement devrait au moins préparer des séries de compétences homogènes.

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