Les députés européens critiquent les propos de Tsipras sur l’Allemagne

Alexis Tsipras © Belga

Les principaux groupes politiques au Parlement européen ont déploré les déclarations du nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras sur l'”obligation morale” qu’a la Grèce de réclamer des indemnités de guerre à l’Allemagne. Tous les groupes reconnaissent par contre qu’il faudra du changement dans la politique vis-à-vis de la Grèce.

Les socialistes (S&D) ont approuvé une note d’orientation reconnaissant leur “responsabilité majeure et l’opportunité unique d’aider à définir une solution politique crédible, juste et progressive”. “Les nouveaux moyens doivent notamment réparer les dommages sociaux créés par l’austérité”, a expliqué le président du groupe socialiste Gianni Pittella. “Nous faisons partie de la même famille”, a-t-il ensuite réagi aux propos d’Alexis Tsipras sur les réparations de guerre. Le président du groupe socialiste a appelé à mettre de côté “les égoïsmes nationaux”.

Le président des libéraux (ALDE), le Belge Guy Verhofstadt, a qualifié la victoire de Syriza, le parti d’Alexis Tsipras, d'”opportunité énorme pour la Grèce”, pour que le pays fasse enfin les réformes structurelles dont il a besoin. “Jusqu’ici, il y a eu des mesures d’austérité, avec une pression fiscale sur les petites et moyennes entreprises et une diminution du salaire minimum, mais on n’est nulle part dans les réformes structurelles, comme la suppression du clientélisme, la lutte contre la corruption, une vraie réforme fiscale ou la diminution du poids du secteur public”, a constaté Guy Verhofstadt.

Le Belge dit attendre de voir les réformes grecques pour accepter un éventuel changement dans les accords entre la Grèce et la Troïka (le groupe rassemblant la Banque centrale européenne, le Fonds Monétaire international et la Commission européenne).

Le coprésident du groupe des Verts, le Belge Philippe Lamberts, a pour sa part déploré les déclarations d’Alexis Tsipras, sur les dommages de guerre dus par l’Allemagne à la Grèce, et d’autres déclarations faites depuis son installation à la tête du gouvernement grec. “On dirait qu’il est emporté par l’élan d’une très longue campagne électorale”, a commenté M. Lamberts, plaidant “dans ce cas-ci” pour une certaine discrétion afin de faire aboutir les négociations. “Il faut s’abstenir de déclarations qui radicalisent les gens”, a-t-il précisé.

Du côté des démocrates-chrétiens (PPE), on affirme qu'”Alexis Tsipras doit respecter les accords, il devra l’apprendre! “, a asséné Manfred Weber, chef de groupe. Celui-ci a refusé de parler des réparations que réclame la Grèce à l’Allemagne. “La question ne se pose pas, on ne parle que de l’avenir.”

La présidente du groupe de gauche radicale GUE, Gabi Zimmer, a quant à elle appelé les dirigeants européens à “prendre la main que vous tend le gouvernement grec”.

L’eurodéputé grec Dimitris Papadimoulis (Syriza) a rappelé les revendications de son parti. “Ce que nous voulons, c’est qu’on permette à l’économie grecque de reprendre son souffle et de se développer, c’est réduire les excédents primaires fixés par la troïka, et c’est de ne pas alourdir la dette ne fût-ce que d’un euro. Nous demandons des mesures pour alléger les efforts.”

Le leader du parti espagnol de gauche radicale Podemos, Pablo Iglesias, a souligné que la politique d’austérité menée en Grèce était “un échec qu’il ne faut pas avoir honte de reconnaître”. “Nous voulons une alliance paneuropéenne pour mettre fin à l’austérité, pas une alliance du sud contre les pays du centre ou du nord. Nous avons tous intérêt à trouver une solution”, a insisté Dimitris Papadimoulis, qui ne voit “aucune raison de discuter avec les fonctionnaires représentant les institutions, sans aucun mandat pour négocier”. “Si vous écrivez que la Troïka va vers sa fin, vous ne vous tromperez pas de beaucoup”, a-t-il plaisanté.

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