‘Les conservateurs sont toujours le parti le plus important’

May's big gamble © Belga

L’électeur britannique a infligé une déception au parti conservateur, mais il défend toujours le Brexit, constate le Belge Jean-Paul Floru. Conservateur lui-même, il est vice-échevin des Finances dans la ville de Westminster, au coeur de Londres.

Moins de sièges (au lieu de plus) pour les conservateurs britanniques. L’aviez-vous vu venir ?

Floru: Absolument pas. Cela a été un choc pour le parti. Mais nous sommes encore et toujours le plus grand parti et nous formons le gouvernement, conjointement avec les unionistes démocratiques nord-irlandais. Mais notre majorité est très petite.

Theresa May peut-elle rester Première ministre et présidente du parti ?

Les négociations sur le Brexit commencent dans quelques jours. Des élections pour un nouveau président prendraient deux à trois mois. Nous n’en avons pas le temps. Je suppose que les poids lourds du parti ont ordonné à May de rester. Pour combien de temps, je ne sais pas. Elle devra de toute façon mettre sur pied le Brexit.

Se trouve-t-elle encore dans une position suffisamment forte pour cela ?

Elle est bien sûr affaiblie. Mais elle n’a pas d’autre choix que de piloter le Brexit à travers le parlement. Dans les médias, les résultats électoraux intéressants des libéraux-démocrates se perdent quelque peu. Le seul parti qui est pleinement en faveur du maintien de l’adhésion britannique à l’UE obtient à peine 1,8% des sièges. L’électeur britannique continue par conséquent à défendre le Brexit. Le raisonnement est le suivant: “Le Brexit se fera, nous devons à présent en tirer le meilleur”. Même les travaillistes veulent un Brexit, du moins une version douce, dans le cadre duquel le Royaume-Uni continuera à faire partie du marché unique et de l’union douanière, et où la libre circulation des personnes est acceptée, comme en Norvège.

Que défendez-vous, un Brexit doux ou dur ?

Je suis partisan d’un accord le meilleur possible, tout comme mon parti. Un mauvais accord nuirait tant à l’économie britannique qu’à l’économie européenne. Si cela se révèle un Brexit dur, qu’il en soit ainsi. Car les unions douanières sont un grand problème. J’ai écrit un livre à ce sujet.

Comment cela, les unions douanières sont un grand problème ?

Dans l’UE, il y a le libre-échange, mais vis-à-vis des pays tiers, l’union douanière européenne se pose comme un bloc protectionniste. C’est économiquement désavantageux de fermer vos marchés. Le libre-échange apporte de la prospérité. C’est la seule manière de faire un succès du Brexit. Un pays doit pouvoir conclure des traités commerciaux en toute liberté, dans le monde entier. Le Brexit va nous rendre cette liberté. Observez Singapour et Hong Kong. Ils se portent très bien parce qu’ils ont ouvert leur marché de manière unilatérale. Pour les biens entrants, ils appliquent un taux zéro.

Avec toute l’agitation actuelle, voteriez-vous encore pour le Brexit ?

Assurément. Je crois en l’économie du libre-échange, et l’UE n’est pas l’environnement approprié dans ce contexte. Je ne dis pas que je suis un partisan aveugle du Brexit. J’ai simplement soupesé les avantages et les inconvénients et je suis arrivé à la constatation que le Brexit est en fin de compte la meilleure solution pour l’économie britannique. J’espère des négociations raisonnables, dans une atmosphère sereine. On pourrait se passer de propos émotionnels ou hostiles d’hommes et de femmes politiques des deux côtés. Un bon accord est dans l’intérêt des citoyens britanniques et des citoyens européens.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content