“Les capitaux ne sont pas des biches effarouchées !”

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Pour Martin Schulz, chef du groupe socialiste au Parlement européen, une taxe sur les transactions financières ne ferait pas fuir les entreprises du secteur hors d’Europe. Une étude abonde en son sens.

Martin Schulz, chef du groupe socialiste au Parlement européen, a défendu mardi la mise en place d’une taxe sur les transactions financières en Europe, minimisant le risque de délocalisation de l’industrie financière hors du continent. “Les capitaux ne sont pas des biches effarouchées !”, a-t-il ironisé.

Martin Schulz a indiqué que les socialistes européens tenteraient de faire passer au Parlement une motion qui, si elle obtient une majorité suffisante, amènerait la Commission à légiférer en la matière. A défaut, les socialistes essaieront de récolter un million de signatures, dans le cadre de l'”initiative populaire” prévue par le traité de Lisbonne, pour obliger l’exécutif de l’UE à se prononcer.

Les services de la Commission européenne ont déjà produit un document exposant les possibilités de taxation des transactions financières, mais le sujet reste très sensible, notamment en raison du risque de délocalisation vers Hong Kong ou Singapour.

Martin Schulz a réfuté mardi que les entreprises financières seraient tentées de quitter l’Union européenne si une taxe sur les transactions y était mise en place : “L’Europe est un marché de 500 millions de consommateurs. Les banques ne vont pas délocaliser pour une simple taxe.” Et de rappeler que la menace de délocalisation était brandie par les entreprises à chaque nouvelle proposition législative.

Belgique, France et Japon ferraillent pour cette taxe sur transactions financières

La Belgique, la France et le Japon tentent de faire adopter à l’Onu une déclaration politique en faveur d’une taxe sur les opérations de change pour financer la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a affirmé lundi Charles Michel, ministre belge de la Coopération au développement, lors d’une rencontre avec la presse belge au premier jour d’un sommet de l’Onu.

“On essaie d’avoir une déclaration politique sur les financements innovants lors du sommet sur les OMD qui se tient de lundi à mercredi à New York en marge de l’assemblée générale des Nations unies, a-t-il déclaré. On a déjà réussi à convaincre une soixantaine de pays. Il y aura un test de sincérité”, allusion aux déclarations faites à la tribune de l’Onu, qui doivent maintenant se concrétiser en engagements.

Le président français Nicolas Sarkozy a pour sa part appelé, lors de son discours à la tribune de l’Onu lundi, l’assemblée générale à adopter sans délai une telle taxe universelle sur les transactions financières : “Les financements innovants, la taxation des transactions financières, nous pouvons le décider ici. Pourquoi attendre ? La finance s’est mondialisée, au nom de quoi ne demanderions-nous pas à la finance de participer à la stabilisation du monde en prélevant sur chaque échange financier une taxe ?”

Une taxe “faible” rapporterait 70 milliards de dollars par an

Selon Louis Michel, une “faible” taxe sur les principales opérations de change pourrait rapporter quelque 70 milliards de dollars par an.

Un panel d’experts faisant partie du Groupe de travail pour le financement innovant a publié, en juillet dernier, un rapport sur les transactions financières internationales pour le développement. Selon ce rapport, “une taxe sur les transactions de change au niveau international est l’option la plus faisable et acceptable”. La collecte de cet impôt mondial à hauteur de 1 euro par 10.000 euros rapporterait ainsi 40 milliards à 60 milliards de dollars par an.

L’impact de la taxe sur l’économie réelle serait minimal. En outre, le coût d’une délocalisation pour les places financières serait plus élevé que la taxe. “Le rapport montre que des solutions existent, précise le ministre. Le débat n’est donc pas technique. Il s’agit avant tout de volonté politique.”

Le document de synthèse qui doit être soumis au vote des Etats membres de l’Onu au terme du sommet prévoit des financements innovants. S’ils sont défendus par la France, le Brésil et la Norvège, ces nouveaux modes de financement suscitent la méfiance d’autres pays menés par les Etats-Unis. Outre celle sur les transactions financières, les financements innovants pourraient inclure une taxe sur les billets d’avion, déjà appliquée par la France, ou encore des taxes sur le tourisme, l’Internet, la téléphonie mobile.

Trends.be, avec Belga

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