Les Bourses frôlent le krach: l’Europe craque, l’Asie plie

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La tempête continuait de s’abattre mardi sur les bourses mondiales, gagnées par la peur d’une nouvelle récession aux Etats-Unis et d’une contagion de la crise de la dette en zone euro, une panique qui faisait planer le spectre d’un krach.

“C’est un moment horrible, un jour sombre”, a commenté Chris Weston, de chez IG Markets à Melbourne. “Les gens agissent dans l’émotion au lieu de regarder la situation de manière rationnelle. C’est une panique générale”.

Comme depuis plusieurs séances, le climat était très volatil mardi, les bourses faisant du yo-yo, dans le sillage de Wall Street la veille.

Après avoir ouvert en nette hausse, les marchés actions sur le Vieux Continent ont plongé par la suite (entre -4% et -6%), avant de se reprendre quelque peu.

Vers 10H40 GMT, Paris ne perdait plus que 1,16%, Londres 2,05%, Francfort 3,14%. Milan (-1,08%) et Madrid (-1,09%), dont les gouvernements sont sous pression des investisseurs et des agences de notation, limitaient la casse.

En Asie, on a frôlé la catastrophe. La Bourse de Séoul a plongé de 10% en séance avant de finalement clôturer sur une note moins dramatique à -3,64%, soit son plus bas niveau depuis septembre 2010.

Hong Kong a fini à -5,66% et Tokyo a cédé 1,68%. Seule Bourse à surnager, Sydney, qui a gagné 1,2%, soutenue par “une chasse aux bonnes affaires”.

“Tout le monde est tétanisé”, confie François Duhen, analyste chez CM CIC à Paris. “On s’inquiète de l’Amérique, de l’Europe, de la manière dont leurs difficultés actuelles vont ralentir la croissance”.

Lundi, Wall Street avait donné le ton, en enregistrant sa pire séance depuis décembre 2008. L’indice vedette, Dow Jones, avait abandonné 5,55%.

Petit à petit, on se rapproche d’un krach boursier, considéré comme une chute brutale des Bourses d’au moins 20% en quelques jours ou de 10% sur une journée.

Paris a perdu 12,86% en une semaine, Londres 15% et Francfort 17%.

Certains analystes considèrent que le pire est déjà arrivé: “On est en plein krach boursier, on descend en ligne droite”, affirme M. Duhen.

Signe de la nervosité, les investisseurs se ruaient vers les placements financiers considérés comme sûrs. L’or a ainsi atteint un plus haut à 1.754,24 dollars américains l’once.

Le prix du pétrole reculait, lui, encore de plus de 2 dollars, ce qui pourrait se traduire par une baisse des prix à la pompe pour le consommateur. La monnaie unique européenne, en légère baisse, s’échangeait autour de 1,42 euro pour un dollar.

Depuis la crise financière de 2008, le comportement des investisseurs, particuliers comme professionnels (fonds d’investissements, fonds de pension…), a sensiblement changé, selon les analystes. Ils n’hésitent plus à liquider leurs titres à la moindre alerte afin de protéger leur mise de départ.

Les investisseurs guettent les signes d’essoufflement de la croissance américaine, surtout après la dégradation historique de la note de crédit de la première puissance économique mondiale.

“C’est aux dirigeants politiques d’apporter les réponses adéquates pour apaiser les marchés. Jusqu’ici c’est insuffisant”, estime François Duhen, en référence aux assurances des G20 et G7 la veille d’agir de concert pour ramener le calme.

Ce rôle de pompier échoit mardi à la banque centrale américaine (Fed), qui se réunit vers 14H00 GMT.

Comment en effet injecter des liquidités dans le système financier pour soutenir la croissance et éviter que les banques ne ferment le robinet, alors que les agences de notation fustigent le niveau trop élevé des déficits américains?

La zone euro ne parvient pas non plus de son côté à convaincre les investisseurs de sa volonté d’éviter une contagion de la crise de la dette publique qui menace d’emporter deux de ses principaux membres, l’Italie et l’Espagne.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a appelé mardi une nouvelle fois les gouvernements européens à “faire leur travail” concernant la réduction de leurs déficits, notamment Rome et Madrid.

L’Allemagne et la France, les deux piliers politiques de l’Union monétaire européenne, s’opposent sur une augmentation de la taille du Fonds d’aide européen (FESF) en cas d’appel au secours de Rome ou de Madrid.

Créé en 2010 pour venir en aide à la Grèce, à l’Irlande puis au Portugal, le FESF est actuellement doté de 750 milliards d’euros, mais avec une capacité effective de prêts de seulement 440 milliards d’euros, qui s’avéreraient insuffisants pour sauver l’Italie.

Trends.be, avec Belga

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