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“Les batteries et l’électricité sont-elles vraiment tellement mieux que les moteurs à combustion et le carburant ?”

Selon Marc De Vos, directeur du think tank Itinera et professeur à l’Ugent, le nationalisme économique se trouve à la base des changements sur le marché automobile. “L’avenir est électrique, parce que le politique le choisit a priori, dans l’espoir de cultiver ses propres champions de l’industrie verte.”

Le plus grand Salon de l’auto du monde, le Frankfurt Motor Show, touche à sa fin. La décision finale unanime est : l’avenir de la voiture est électrique. Mais les batteries et l’électricité sont-elles vraiment tellement mieux que les moteurs à combustion et le carburant ? En tous les cas, pas dans la facilité d’utilisation. L’autonomie des voitures électriques ne vaut pas celle des voitures conventionnelles, et le chargement des batteries dure plus longtemps que faire le plein d’une voiture à la pompe.

Les batteries sont également chères. Elles durent moins longtemps qu’un moteur à combustion. Leur valeur résiduelle est un grand point d’interrogation. Il y a des coûts cachés. Les voitures électriques exigent un réseau dense de bornes de chargement, qui doivent être disponibles où les conducteurs garent leurs voitures. Cela implique des investissements gigantesques. Et si nous disons adieu au pétrole, nous disons également adieu à des milliards d’accises qui alimentent chaque année nos caisses publiques tellement avides d’argent.

Et ensuite, il y a l’environnement. Les voitures électriques n’émettent pas de gaz nocifs et malodorants. Mais la production d’électricité, elle, le fait bel et bien. Le gaz, l’énergie nucléaire et le charbon seront encore à la base d’une part importante de la production d’électricité pendant de nombreuses décennies. Pour la production des batteries, il faut aussi du nickel, du lithium et du cobalt, extraits par le biais d’une industrie minière polluante. Et sans une nouvelle industrie du recyclage, l’économie des batteries ne pourra pas fonctionner.

Les batteries et l’électricité sont-elles vraiment tellement mieux que les moteurs à combustion et le carburant ?

Restent les villes et leur air pollué. La voiture électrique, c’est la fin du smog. Mais il y a des alternatives qui sont bonnes pour l’environnement urbain et qui coûtent moins cher. Nous pouvons diminuer l’usage de la voiture par des restrictions et des services de mobilité comme Uber et les voitures partagées. Nous pouvons troquer les voitures contre des vélos, comme à Amsterdam et Copenhague. Ou nous pouvons investir dans des transports publics qui roulent à l’hydrogène.

Bien sûr, la technologie des batteries s’améliorera encore. Mais c’est aussi le cas pour le moteur à combustion et pour d’autres technologies qui ne sont pas encore sur nos radars. Une politique raisonnable créerait l’espace nécessaire à l’innovation, l’expérimentation et la concurrence afin de trouver le mix le plus efficient et durable. Mais cela, nous ne le faisons pas.

Partout, l’achat des voitures électriques se voit lourdement subsidier par l’argent des contribuables, tant par des subsides pour les acheteurs que par des avantages fiscaux pour les producteurs. Sans cette abondante politique de subsides, une société comme Tesla n’existerait simplement pas. La Chine, la Grande-Bretagne, la France, l’Inde et la Norvège ont même récemment fixé une date d’expiration à l’utilisation des carburants fossiles dans les voitures personnelles.

Une course a commencé pour dominer le marché domestique de la nouvelle industrie automobile, par la simple interdiction de l’ancienne industrie automobile. La Chine est la plus avancée en la matière : elle a radicalement opté pour les voitures électriques et met de nombreux milliards de subsides sur la table. Quasi tous les grands groupes automobiles concluent des partenariats avec des entreprises chinoises pour en profiter, même s’ils doivent pour cela renoncer à leur savoir-faire. Ce n’est pas un hasard si Volvo, la marque automobile chinoise au nom suédois, opte déjà entièrement pour l’électrique.

Le nationalisme économique est donc la face hideuse de la voiture électrique. L’avenir est électrique, parce que le politique opte a priori pour lui, dans l’espoir de cultiver ses propres champions de l’industrie verte. Si cela continue de la sorte, la voiture électrique deviendra une voiture chinoise.

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