“Le succès de Donald Trump a dépassé celui de son père, mais il ne s’est pas fait seul”

© Reuters

“Self made man” ou fils héritier ? Entrepreneur à succès ou collectionneur de faillites ? Avant de briguer la Maison Blanche, Donald Trump a bâti un vaste empire immobilier qui a fait sa fortune malgré quelques déboires.

Tours Trump à Manhattan ou Bombay, hôtels de luxe Trump à Miami ou Chicago, golfs Trump en Ecosse ou à Los Angeles… Le candidat à l’investiture républicaine a fait de son patronyme un puissant emblème commercial et un redoutable argument de campagne.

Sur l’estrade des débats républicains ou devant les caméras, le multimilliardaire ne manque jamais une occasion de se poser en incarnation du rêve américain, seul à même de “rendre sa grandeur” aux Etats-Unis comme le clame son slogan de campagne.

“Donald Trump est la définition même de la +success story+ américaine”, vante le site de la Trump Organization, sa holding dont le bilan financier est tenu secret et qui compte ses deux fils et sa fille comme vice-présidents.

Le natif de New York n’est toutefois pas parti de rien. Son père, Fred, descendant d’immigrés allemands, avait déjà fait fortune comme promoteur immobilier dans le quartier populaire du Queens en se spécialisant dans la construction de logements pour la classe moyenne.

Faillites

“Le succès de Donald a dépassé de loin celui de son père, mais il ne s’est pas fait seul”, explique à l’AFP Gwenda Blair, auteur d’une biographie sur la dynastie Trump. “Il avait déjà beaucoup quand il s’est lancé et il a pu utiliser l’assise financière de son père et ses relations politiques”.

Donald Trump a d’ailleurs reconnu avoir reçu un “petit” prêt d’un million de dollars de son père pour se lancer à son compte et cibler une autre clientèle, plus en phase avec l’ère de l’argent-roi des années 1980.

“Il a compris que certaines personnes, plutôt que cacher leur fortune, voulaient au contraire en faire la promotion”, assure Mme Blair.

“Il a su deviner les goûts des nouveaux riches parce que ce sont aussi les siens”, affirme à l’AFP Michael Lind, auteur de “Land of Promise: an Economic History of The United States” (“Terre de promesses: une histoire économique des Etats-Unis”, non traduit en français). “Il est ce qu’on appelle ici un +booster+, quelqu’un qui va doper le développement économique d’une ville ou d’un Etat local”, poursuit-il.

Son ascension ne s’est toutefois pas faite sans heurts. A quatre reprises, entre 1991 et 2009, ses casinos sur la côte Est n’ont pu faire face à leurs dettes et ont dû être placés sous la protection de la loi américaine sur les faillites.

Si M. Trump argue qu’il n’a jamais connu de banqueroute personnelle, la première mise en faillite, celle du Trump Taj Mahal, fut périlleuse pour ses finances. Pour éponger les dettes de ce casino, il a dû abandonner la moitié de ses parts et mettre en vente son yacht et son jet privé.

Fin négociateur

Ces mésaventures ne sont toutefois pas nécessairement synonymes de mauvaise gestion. “Les casinos ont connu des bouleversements majeurs, ont dû faire face à de nouveaux concurrents et à des événements imprévisibles qui ont fait chuter la fréquentation”, affirme à l’AFP l’avocat Edward Weisfelner, qui a défendu un groupe de créanciers opposés à Donald Trump.

De l’aveu même de cet avocat, le milliardaire a alors négocié “très dur” et de “manière efficace” en jouant sur un levier : son patronyme. “Ses créanciers étaient furieux, mais ils voyaient encore dans son nom le potentiel commercial pour attirer des clients d’un casino”, explique-t-il.

Aucune de ses sociétés n’a finalement mis la clef sous la porte et le magnat de l’immobilier cherche à présent à transformer ses déboires sur la dette en atout pour la présidence américaine. “Ce pays doit 19.000 milliards de dollars (environ 17.500 milliards d’euros) et ils ont besoin de quelqu’un comme moi pour régler ça”, affirmait-il en août.

Ses invocations du rêve américain peuvent toutefois être utilisées contre lui. Des employés de son hôtel de Las Vegas ont récemment voté pour être représentés par un syndicat local et obtenir de meilleures conditions salariales, mais la direction s’est immédiatement opposée à cette initiative.

“Je suis surprise que Trump veuille rendre à l’Amérique sa grandeur, mais qu’il ne commence pas par son hôtel et ses employés”, a dit à l’AFP Bethany Khan, membre de ce syndicat.

Partner Content