Le Social Progress Index démontre que la croissance économique n’est pas synonyme de progrès social

La Norvège est première de ce classement du Social Index Progress. © istock

A côté du PIB, des alternatives ont vu le jour pour calculer la prospérité autre que purement économique d’un pays. Dans les années ’70, on a ainsi vu apparaître au Bhoutan le BNB pour Bonheur national brut, ou encore l’Inclusive Wealth Index de l’ONU. Aujourd’hui, des économistes proposent le SPI, qui calcule le progrès social de plus de 133 pays.

La richesse d’un pays s’évalue de différentes façons, l’indice le plus célèbre étant le PIB, ou Produit Intérieur Brut, qui a été créé dans les années 30 afin de mesurer l’effet de la Grande Dépression sur l’économie américaine. Cet indice se base exclusivement sur des critères économiques. Dans les années 1970, un autre indice était lancé au Bhoutan: le BNB pour Bonheur National Brut. Outre des données économiques, il s’appuie sur quatre piliers: la protection de l’environnement, la conservation et la promotion de la culture bhoutanaise, la bonne gouvernance et le développement économique responsable et durable. L’ONU a aussi établi un Inclusive Wealth Index, indice de richesse globale, incluant le “capital naturel” et le “capital humain” tandis que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a mis sur pied un indicateur historique du “bien-être” mondial, de 1820 à nos jours, comparant salaires, espérance de vie, niveau d’études, santé, taille, qualité de l’environnement, sécurité personnelle, inégalités hommes-femmes et institutions politiques.

Le SPI change la donne

A côté de ces alternatives, il existe désormais aussi le SPI, pour “Social Progress Index”, qui mesure le progrès social de chaque pays, comme l’explique Le Monde. Il a été élaboré par des économistes et des statisticiens qui y travaillent depuis 2009. Ils viennent de présenter leurs premiers résultats portant sur 133 pays, ce qui représente 99 % de la population mondiale.

La méthodologie du SPI s’articule autour de trois axes, explique le journal français : la capacité d’une société à satisfaire les besoins de base de ses citoyens (qualité et accès au système de santé, au logement, à la sécurité…), à construire les fondements de leur bien-être sur la durée (en leur donnant accès à l’éducation et à l’information) et à leur donner l’opportunité de s’accomplir.

Cet indice désire avant tout mettre à bas la croyance que l’activité économique est synonyme de progrès social et, qu’à l’inverse, les initiatives sociales sont coûteuses. Et en analysant ces données, il s’avère, en effet, que la croissance économique n’est pas forcément le moteur du progrès social.

Les pays scandinaves caracolent sans surprise en tête de ce classement. Sur le podium, on retrouve dans l’ordre, la Norvège, la Suède et la Suisse. La Belgique se positionne à la 17e place, juste après les Etats-Unis et quelques places devant la France (21e) ou encore l’Espagne (20e).

La Belgique championne en assainissement de l’eau, peut mieux faire en éducation

La Belgique avec un SPI total de 82,83 obtient de très bons scores dont un 93,73 dans la catégorie “Besoins humains de base” (Basic Human Needs Dimension). Elle est même championne en assainissement de l’eau avec une note de 100. Au niveau du bien-être de ses habitants, la Belgique obtient également une très bonne note de 98,79 sous l’intitulé “Access to Basic Knowledge” (accès aux connaissances de base). Elle doit toutefois s’améliorer sur certains points et notamment sur la sécurité des personnes (86,78/Personal Safety) notamment par rapport à la mortalité routière. La Belgique est aussi bonne élève en droits des personnes (85,59) mais doit améliorer l’accès à une éducation avancée (68,45). Elle se fait aussi taper sur les doigts en ce qui concerne la durabilité de son écosystème en n’affichant qu’un petit 48,89. Dans la catégorie santé et bien-être (espérance de vie, morts prématurées, taux d’obésité, pollution de l’air, taux de suicide…), la Belgique n’affiche qu’un faible score de 68.43.

D’autres données intéressantes sont répertoriées par le SPI, comme celles de la tolérance et de l’intégration, qui regroupe la tolérance religieuse, envers les immigrés, les homosexuels, les discriminations et la violence contre les minorités. Le score total est de 76.56.

Si l’on compare ce classement social à celui des pays aux plus gros PIB fourni par le FMI, les Etats-Unis perdent donc leur première place tout comme les pays émergents cités pour leur rapide croissance économique, comme la Chine, la Russie ou l’Afrique du Sud, qui arrivent respectivement en 92e, 71e et 63e positions alors que dans le classement PIB, la Chine est deuxième, et la Russie 10ème. La France, 6ème en terme de PIB, dégringole d’une quinzaine de place tandis que la Belgique, classée 38ème en grapille une bonne vingtaine au classement SPI.

Bien que basé parfois sur des méthodologies discutables, comme des enquêtes de satisfaction, la Commission européenne s’est engagée à intégrer le SPI dans son processus de décision, au même titre que le PIB.

Tous les résultats du Social Progress Index sont consultables ici:

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