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Le PS et le paravent de “la résistance à l’ultra-droite”

Le Parti socialiste s’apprête à combattre ” centimètre carré par centimètre carré ” la politique du futur gouvernement de ” l’ultra-droite “, a martelé Elio Di Rupo, dimanche lors du congrès de rentrée du PS. Il organise d’ores et déjà ” la résistance ” face à la démolition annoncée de ” 130 ans de progrès social “.

Attardons-nous sur ce terme “résistance”. Il illustre la posture défensive adoptée par le PS depuis plusieurs années. Au printemps dernier, son principal argument de campagne se résumait à un “sans nous ce serait pire”, particulièrement timoré pour un parti qui dirigeait alors tous les gouvernements possibles. A défaut de pouvoir imprimer une marque offensive et positive à la politique, on diabolise donc les intentions des adversaires.

Elio Di Rupo nous rejoue la même posture protectrice, face à ce gouvernement “pour les très riches et pour les très forts”. Tant pis si les mesures ne sont pas encore officiellement connues, il est sans doute plus facile de les caricaturer tant qu’elles ne sont pas encore précises. Notez, cela pourrait finalement servir Charles Michel, si ses options devaient s’avérer un cran en-dessous de ce que le PS avait laissé craindre… C’est la bonne vieille tactique des conclaves budgétaires : annoncer le pire à l’ouverture des discussions, pour in fine mieux faire passer une pilule adoucie.

Enfin, en attaquant de front “l’ultra-droite”, Elio Di Rupo joue aussi les paravents pour les gouvernements régionaux et communautaires. Au plus on parlera de “la suédoise”, au moins il y aura d’espace dans les médias pour les mesures d’économie en Wallonie et à la Communauté française. Et, jusqu’à présent, la FGTB semble accepter la stratégie. Son nouveau secrétaire général se montre bien plus préoccupé par les éventuelles mesures fédérales que par les non-remplacements dans la fonction publique wallonne, les compressions dans l’enseignement ou les réductions de subsides aux associations sociales et culturelles.

Le clivage politique avec la droite au pouvoir fédéral et la gauche dans les entités fédérées (remarquons au passage le gommage des centristes…) nous vaudra une accumulation de positionnements caricaturaux et empreints de mauvaise foi -dans les deux sens- tout au long de la législature. A charge pour nous, journalistes, de redoubler de vigilance pour bien contextualiser les échanges de ping-pong entre les amis de Charles Michel et ceux d’Elio Di Rupo.

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