Le Portugal sanctionné pour excès d’austérité

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Le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho, a annoncé dimanche des coupes dans les dépenses publiques après le rejet par la Cour constitutionnelle de plusieurs mesures d’austérité recommandées par les créanciers du pays.

Pedro Passos Coelho a annoncé dimanche des coupes dans les dépenses publiques et confirmé sa politique de rigueur, après le rejet par la Cour constitutionnelle de plusieurs mesures d’austérité recommandées par les créanciers du pays, sous assistance financière depuis mai 2011.

Dans une déclaration solennelle à la Nation, le Premier ministre portugais a souligné qu’il n’y aurait pas de nouvelles augmentations d’impôts, mais que des mesures seraient prises pour “contenir la dépense publique dans les domaines de la Sécurité sociale, la Santé et l’Education”. Il n’est pas entré dans le détail des mesures prévues mais, dans le cadre d’une réforme de l’Etat, le gouvernement s’est déjà engagé à réduire les dépenses publiques de 4 milliards d’euros d’ici 2015.

Pas question de demander un second plan de sauvetage

La Cour constitutionnelle a considéré vendredi dernier qu’était discriminatoire et donc contraire à la Constitution la suppression des 14e mois de salaires versés aux fonctionnaire et de pensions aux retraités, de même que la réduction des allocations chômage et maladie. Cette décision, qui prive l’Etat portugais d’économies allant, selon les estimations, de 900 millions à 1,3 milliard d’euros, a compliqué singulièrement la réalisation de ses objectifs budgétaires, définis en accord avec les créanciers internationaux du pays dans le cadre du plan de sauvetage de 78 milliards d’euros accordé en mai 2011 par l’UE et le FMI.

Critiqué de toutes parts pour une politique de rigueur jugée excessive, Pedro Passos Coelho a souligné qu’il n’y renoncerait pas. “Le gouvernement respectera tous les objectifs du programme d’aide et réaffirme le respect des engagements intérieurs et extérieurs de l’Etat portugais”, a-t-il assuré, soulignant qu’il n’était pas question pour lui de demander un second plan de sauvetage. “Nous ferons tout pour l’éviter”, a-t-il précisé: il s’agit d’un “impératif politique fondamental”.

Le Portugal envisage une émission d’obligations à 10 ans en 2013
N’hésitant pas à dramatiser la situation, Pedro Passos Coelho a estimé que le verdict de la Cour aurait “des sérieuses conséquences pour le pays”. Sa position est désormais “plus fragile” vis à vis de ses bailleurs de fonds et des investisseurs, a-t-il expliqué, alors que le Portugal espère revenir dès cette année sur les marchés de la dette et envisage une émission d’obligations à 10 ans, la première depuis sa demande d’aide internationale.

La décision de la Cour est d’autant plus regrettable, selon le chef du gouvernement, que le pays souhaite négocier dès la semaine prochaine, lors d’une réunion à Dublin, des ministres des Finances de la zone Euro, un allongement des délais de remboursement des prêts qui lui ont été accordés.

Le Premier ministre a également souligné que désormais, le Portugal n’était pas assuré de recevoir de ses bailleurs de fonds un nouvelle tranche d’aide, dans le cadre du prêt global de 78 milliards d’euros, comme prévu à l’issue, début mars, de leur dernier examen des comptes du pays.

Le chômage devrait atteindre le taux record de 18,2%

Le Parti socialiste, principale formation d’opposition, a qualifié de “lamentable” la déclaration du Premier ministre. “Nous avons entendu un Premier ministre faire du chantage. Son unique désir est de châtier les Portugais”, a déclaré Joao Ribeiro, porte parole du PS, qui réclame une renégociation du plan d’aide qu’il avait pourtant lui même sollicité en avril 2011 alors qu’il était au pouvoir. Pour marquer sa rupture définitive avec la politique d’austérité, les socialistes ont déposé mercredi leur première motion de censure contre le gouvernement, qui l’a surmontée grâce à la confortable majorité dont il dispose à l’Assemblée.

Le climat politique s’est considérablement tendu au cours des derniers jours, les médias échafaudant des scénarios catastrophes, allant d’une démission du Premier ministre à un profond remaniement ministériel, en passant par la formation d’un gouvernement de “salut national”. La situation est d’autant plus délicate que les mesures d’austérité ont aggravé la récession et le chômage. L’économie doit cette année reculer de 2,3% et le chômage atteindre le taux record de 18,2%.

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