Le point sur la santé de l’économie britannique

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Après avoir étonné par sa vigueur dans la foulée du référendum sur le Brexit, la croissance britannique donne des signes tenaces d’affaiblissement depuis plusieurs mois. Inflation dopée, consommation en berne, endettement fiévreux des ménages: voici un tour d’horizon des données qui inquiètent.

Pourquoi une telle vigueur après le référendum ?

Economistes, banquiers, industriels, les professionnels s’attendaient largement à un choc de confiance après la décision surprise des Britanniques de quitter l’Union européenne lors du référendum-séisme du 23 juin 2016. Mais les consommateurs ont continué de faire des emplettes comme si de rien n’était – après tout, plus de la moitié d’entre eux a décidé qu’il était bon pour le pays de quitter le navire européen.

Les entreprises ont pour leur part adopté une posture prudente de “wait and see”, mais sans céder à la panique et ont continué d’investir à rythme modéré. Surtout, aucune société ne s’est massivement délocalisée hors du Royaume-Uni – même si un certain nombre d’entre elles y réfléchit, notamment dans le secteur financier.

Au final, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a atteint le niveau respectable de 1,8% sur l’ensemble de 2016, avec un taux de chômage restant sous les 5%.

Alors, qu’est-ce qui ne va pas maintenant ?

Depuis le début 2017, les ménages réduisent leurs dépenses, notamment pour les biens d’équipements domestiques comme l’électro-ménager, les meubles ou les produits électroniques. En cause: une forte hausse des prix, proche désormais de 3% sur an, qui touche même les produits de première nécessité comme l’alimentation. Il s’agit d’une conséquence indirecte du choix des Britanniques pour le Brexit, car ce vote a entraîné une chute d’environ 13% de la livre sterling face au dollar et à l’euro – les cambistes tablant sur de moins bonnes perspectives pour l’économie britannique à terme. Les produits importés en sont d’autant plus chers.

L’affaiblissement de ce principal moteur de l’activité a entraîné un sévère coup de frein de la croissance, qui après 0,7% au quatrième trimestre 2016 s’est limitée à 0,2% au premier trimestre 2017. Dans ce laps de temps et en ce domaine, le Royaume-Uni est passé du statut de meilleur élève des pays riches du G7 au rang de cancre de la classe.

Pire, les perspectives de la consommation sont peu reluisantes: les hausses de salaires ne suivent pas le rythme de l’inflation, le moral est moins bon et les ménages se sont notoirement endettés en profitant des taux bas, au point que leur épargne atteint leur plus faible niveau depuis un demi-siècle.

Donc l’économie britannique est condamnée avant même la sortie de l’UE ?

Pas si vite ! Les prévisions pour 2017 sont loin d’être catastrophiques, avec une croissance de 1,6% attendue en moyenne pour l’année par des économistes indépendants sondés par le Trésor. Car même si la consommation déçoit, les investissements semblent tenir tant bien que mal et les exportations profitent, elles, de la faiblesse de la livre si problématique pour l’inflation.

Le système financier est aussi solide, assure en outre la Banque d’Angleterre qui vient néanmoins de demander aux banques de se constituer un petit matelas capitalistique supplémentaire: elle craint qu’un nombre croissant de ménages peine à rembourser leurs emprunts.

Bien sûr, l’incertitude entourant le processus de Brexit est peu apprécié des milieux d’affaires – les négociations viennent de s’ouvrir entre Londres et Bruxelles en vue d’une sortie britannique de l’UE théoriquement possible en mars 2019.

Mais paradoxalement, le revers de la conservatrice Theresa May aux élections législatives du 8 juin a redonné un peu d’optimisme au patronat: le centre de gravité de la nouvelle Chambre des communes s’est déplacé vers un Brexit plus “doux”, laissant entrevoir une séparation moins dommageable pour l’économie de Sa Majesté.

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