Le plan de soutien à la Grèce est-il enfin crédible?

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L’accord éloigne le spectre de faillite immédiate, mais il laisse en suspens les questions fondamentales liées aux grandes réformes que la Grèce doit mettre en place pour regagner la crédibilité auprès des investisseurs.

L’accord éloigne le spectre de faillite immédiate, mais il laisse en suspens les questions fondamentales liées aux grandes réformes que la Grèce doit mettre en place pour regagner la crédibilité auprès des investisseurs.

Les pays de la zone euro ont finalisé dimanche les termes de l’accord passé le 25 mars dernier sur un plan d’aide à la Grèce, mettant à disposition du pays, si elle en éprouve le besoin, des prêts à 5% d’au moins 30 milliards d’euros. Le FMI est quant à lui disposé à prêter 15 milliards d’euros à un taux encore plus avantageux. Sceptiques au lendemain de l’accord initial jugé trop flou, les marchés se sont montrés plus enthousiastes à l’égard des précisions annoncées dimanche.

Le message : la Grèce ne fera pas défaut cette année

Pour pouvoir faire face à ses obligations, la Grèce doit emprunter encore 32,5 milliards d’euros avant la fin de l’année, dont 12 milliards d’ici fin mai. L’existence d’un filet de secours de 45 milliards d’euros signifie donc que les investisseurs sont à l’abri d’un défaut de paiement en 2010. C’est déjà une bonne nouvelle, alors que de plus en plus d’économistes commençaient à douter de la capacité de la Grèce à rembourser une dette estimée à plus de 300 milliards de dollars et à réduire un déficit public chiffré à 12,9% du PIB.

Résultat : les taux sur la dette grecque se détendent…

“Le fait que la Grèce va pouvoir emprunter à un taux nettement inférieur à celui que lui demandent les marchés devrait entraîner un net recul” de ces taux de marchés, soulignent les stratégistes de BNP Paribas. De fait, le taux de l’obligation 10 ans a reculé à 6,514%, contre 7,5% jeudi, qui constituait un record depuis l’entrée de la Grèce dans la zone euro en 2001. La chute est plus spectaculaire encore pour le taux des obligations d’une maturité de 2 ans: il est actuellement de 5,4%, contre plus de 7% jeudi dernier. Quant aux Credit Default Swaps (CDS) sur la dette grecque, ces titres permettant de s’assurer contre le risque de défaut, ils ont perdu 69 points de base, une chute journalière record selon CMA DataVision. Le signe d’un retour progressif de la confiance des investisseurs.

La Grèce aura rapidement l’occasion de tester sa crédibilité auprès des marchés, puisqu’une émission de bons du Trésor de 1,2 milliard d’euros est prévue mardi. La portée du test est toutefois limitée, vu la faiblesse du montant.

… et l’euro rebondit

L’euro, qui payait depuis janvier les spéculations sur un éventuel effondrement financier de la Grèce, a repris dès lundi de la vigueur en renouant avec le seuil symbolique de 1,36 dollar. Toutefois, la monnaie européenne ne parvient pas à atteindre 1,37 dollar, pénalisée par des craintes persistantes d’une contagion de la crise au sein de la zone euro. “Combien de temps le marché mettra-t-il à tourner son attention vers d’autres pays de la zone euro dont la santé budgétaire est fragile”, s’interroge Daragh Maher, analyste chez Crédit Agricole CIB.

Les banques grecques applaudissent

A la Bourse d’Athènes, dont l’indice des 20 plus grandes valeurs termine sur une hausse de près de 4%, les valeurs bancaires ont fait un bond de plus de 7%. Elles avaient fondu de 24% depuis le début de l’année, les marchés craignant qu’elles aient du mal à refinancer leurs prêts sur les marchés. Les bourses européennes avaient également fortement progressé dès vendredi, en raison de rumeurs évoquant la réunion d’urgence de l’Eurogroupe pendant le week-end, à propos de la Grèce.

Mais les incertitudes demeurent

Toutefois, des doutes sur l’efficacité du plan persistent. D’une part, les modalités de l’activation des prêts ne sont pas claires. “Pour que les Grecs puissent tirer, ils doivent d’abord demander aux Européens d’activer le prêt”, relève ainsi Erik Nielsen, chef économiste à la banque d’affaires américaine Goldman Sachs, qui reprend à son compte la métaphore du fusil posé sur la table utilisée par le Premier ministre grec Georges Papandréou. Un des problèmes étant que certains des Etats membres, comme l’Irlande, doivent d’abord obtenir l’accord de leur parlement. Du côté de Berlin, le gouvernement d’Angela Merkel a insisté qu'”un conseil européen serait nécessaire” pour activer le plan. Mais il s’agissait surtout pour la chancellière de sauver la face devant son opinion publique, qui la poussait à rester intransigeante vis-à-vis d’Athènes.

Plus fondamentalement, le plan ne règle que la question du refinancement à court terme de la dette grecque. Mais ce faisant, il “ajoute de la dette à la dette”, avertissent les analystes de Barclays Capital. Le commentateur Wolfgang Münchau affirme ainsi dans le Financial Times que même si la Grèce ne fait pas faillite cette année, elle ne pourra pas y échapper à moyen terme. Car le gouvernement grec a beau tenter de rassurer les marchés en mettant en avant son plan d’austérité, les indicateurs économiques ne sont pas bons. Selon les dernières estimations, le PIB se contractera de 2% en 2010, ce qui se traduira par une hausse du chômage et une baisse de la consommation. Ainsi, “les coûts vertigineux d’emprunt ne sont que les symptômes du mal grec, et non pas sa cause”, affirme le Wall Street Journal. Au moins le plan d’aide aura-t-il eu le mérite d’apaiser les symptômes.

L.R.Trends.be, L’Expansion.com

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