“Le pic des recettes publiques appartient au passé”

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La BNB a publié ses projections économiques pour la Belgique, où elle table sur une croissance du PIB “hésitante”, un taux d’emploi en hausse et des recettes publiques en contraction durable. Le ministre des Finances y voit l’effet de sa politique.

Croissance : la BNB moins optimiste qu’au printemps

La Belgique a renoué avec la croissance ces derniers trimestres, à l’instar de la zone euro, mais cette croissance “reste hésitante malgré un redressement graduel”, a déclaré vendredi Jan Smets, gouverneur de la Banque nationale de Belgique, lors de la présentation de ses projections économiques d’automne.

La BNB table désormais sur une croissance du produit intérieur brut de 1,4% cette année, pour 1,3% en 2016 et 1,6% en 2017. La Banque nationale se montre un peu moins optimiste qu’au printemps dernier, lorsqu’elle présentait des prévisions de croissance de 1,2% cette année, pour 1,5% en 2016 et 1,7% en 2017. Alors que la croissance belge était supérieure à la moyenne de la zone euro lors de la crise, la situation s’inverse puisque la croissance du PIB de l’Eurozone est attendue à 1,6% cette année avant 1,8% en 2016 et 1,9% en 2017.

L’inflation devrait légèrement repartir à la hausse, à 0,6% en 2015, 1,9% en 2016 et 1,7% en 2017, due notamment à l’augmentation des taxes indirectes et à l’augmentation de la TVA sur l’électricité. “On parle beaucoup de l’indexation des salaires, mais il y a aussi une indexation des prix en Belgique”, a rappelé le gouverneur de la BNB. La croissance de la consommation privée et publique devrait stagner voire diminuer légèrement.

Si la situation économique s’améliore, tant en Belgique que chez ses voisins, c’est notamment grâce à la forte baisse du prix du pétrole, qui libère du pouvoir d’achat, ce qui stimule la demande intérieure, et à la dépréciation de l’euro, qui renforce quant à elle la compétitivité de la Belgique et de la zone euro.

“Les résultats de la politique fédérale deviennent tangibles”, selon Van Overtveldt

La BNB prévoit également la création de 114.000 emplois en trois ans, principalement dans des secteurs sensibles à la conjoncture comme l’agriculture, l’industrie, la construction, le commerce, l’horeca, les transports ou encore l’immobilier. La Banque nationale table en outre sur une diminution du taux de chômage de 8,7% en 2015 à 8,4% en 2016 et 8,1% en 2017.

“Ce n’est pas rien”, a lancé le gouverneur. “Cela est entre autres dû aux mesures prises par le gouvernement, comme le saut d’index, le tax shift et la modération salariale. Cela va dans le bon sens car cela a un impact concret sur les gens.” Selon la BNB, 16.300 emplois seraient la conséquence directe du tax shift.

“Je suis satisfait de constater que les résultats de la politique fédérale deviennent également tangibles dans les prévisions de la Banque nationale”, a réagi Johan Van Overtveldt, ministre des Finances, dans un communiqué diffusé suite à la publication de ces projections économiques.

“L’emploi augmente fortement, principalement dans le secteur privé. Le chômage baisse. La croissance économique de 1,3% pour 2016 est confirmée, avec un redressement plus marqué par la suite. En outre, nous constatons que la consommation privée et les investissements soutiennent la croissance, en lieu et place des pouvoirs publics. Il s’agit là d’une évolution saine.”

“Nous sommes également satisfaits de constater que la BNB s’attend à ce que le déficit budgétaire passe en dessous du seuil fatidique des 3%, loin du banc des punis”, ajoute encore Johan Van Overtveldt.

La Banque nationale ne partage pas tout à fait ce ton triomphant. Selon ses calculs en effet, le solde de financement des administrations publiques resterait négatif, à -2,9% du PIB en 2015 et 2016 et à -2,5% en 2017, loin des objectifs budgétaires européens de -2,6% en 2015, -2,1% en 2016 et -1% en 2017. “L’objectif d’atteindre un déficit de 1% du PIB en 2017 ne nous semble pas tenable. J’en appelle donc à la poursuite d’un travail sérieux. J’entends çà et là des propositions sur des dépenses supplémentaires. Ces chiffres démontrent qu’un monitoring sérieux du budget reste indispensable.”

Focus sur les recettes publiques : la décrue entamée en 2014 se poursuit

Selon le ministre des Finances, “le tax shift porte ses effets dans les chiffres. Le pic historique de recettes publiques atteint sous le gouvernement Di Rupo appartient au passé.” Et effectivement, les recettes des administrations publiques, exprimées en pourcentage du PIB, “reculeront de 0,9 point de pourcentage en 2015 et continueront de se contracter de 0,3 point de pourcentage en 2016 comme en 2017”, prévient la BNB. “L’évolution des recettes poursuivrait ainsi la décrue entamée en 2014. Ce sont principalement les prélèvements sur les revenus du travail qui diminueraient fortement.”

Tableau tiré des
Tableau tiré des “Projections économiques pour la Belgique”, automne 2015.© BNB

Du côté des causes, la diminution des recettes en 2015 résulte à la fois d’un affaiblissement des recettes fiscales et parafiscales et d’une baisse des autres recettes, analyse la BNB. “L’impôt des personnes physiques et les cotisations sociales pâtissent de la contraction de la part des salaires dans le PIB, qui découle du saut d’index et du gel des salaires conventionnels réels.”

S’agissant de l’impôt des personnes physiques, cet effet est renforcé par le relèvement des frais professionnels forfaitaires déductibles qui sont pris en considération dans le calcul du précompte professionnel. “Le précompte mobilier diminuerait également en raison de la modification législative concernant les boni de liquidation, pour lesquels le précompte a été porté de 10 à 25% en octobre 2014, ce qui avait entraîné une hausse temporaire de ces recettes.”

En outre, les impôts sur les biens et sur les services ont également diminué. Ceci est principalement imputable à la baisse des recettes de la TVA, provoquée par une nette augmentation des restitutions.

Les impôts sur les bénéfices des sociétés ont, quant à eux, augmenté du fait de l’assujettissement de certaines intercommunales à l’impôt des sociétés et d’une moindre incidence des déductions pour intérêts notionnels, à la suite de l’infléchissement des taux d’intérêt de référence et d’une restriction de l’utilisation de ce système par les banques. “Comme l’effet de ces mesures ne se manifesterait que partiellement dans les versements anticipés en 2015, les recettes des rôles devraient poursuivre leur progression au cours des prochaines années.”

En 2016, l’impôt des personnes physiques devrait pâtir d’une nouvelle hausse des frais professionnels forfaitaires déductibles ainsi que de l’adaptation des barèmes fiscaux en vue de renforcer le pouvoir d’achat, en particulier des travailleurs à faibles et à moyens revenus, prévient la Banque nationale. “En outre, les cotisations patronales à la Sécurité sociale seront allégées à partir du 1er avril 2016 afin d’améliorer la compétitivité des entreprises et de relancer l’emploi. Les impôts sur les biens et sur les services devraient, quant à eux, grimper sensiblement en raison du relèvement du taux de TVA sur l’électricité et de l’alourdissement des accises sur le diesel, le tabac et l’alcool.”

En 2017, la plupart des catégories de recettes devraient rester assez stables par rapport au niveau de 2016, estime enfin la BNB. “Les cotisations sociales devraient toutefois se replier modestement puisque l’abaissement des cotisations patronales produira alors pleinement ses effets.”

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