Le pétrole cher est de retour, et pour longtemps

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Le prix du baril de pétrole a passé la barre symbolique des 100 dollars. La crise égyptienne n’est pas étrangère à cette poussée de fièvre, mais il existe d’autres causes plus profondes et surtout plus durables.

Le pétrole est à nouveau cher, au-delà de 100 dollars le baril. Un niveau qui n’avait plus été atteint depuis deux ans. Après avoir progressé de près de 22 % sur l’ensemble de 2010, il a bondi de 9 % depuis le 1er janvier. La crise égyptienne n’est pas étrangère à cette poussée de fièvre mais elle est loin d’être la seule responsable. L’Egypte n’est qu’un modeste producteur de pétrole, qui représente moins de 1 % de l’offre mondiale.

Les raisons de cette flambée de l’or noir sont bien plus profondes. Première explication : le boom de la demande dans les pays émergents, en particulier en Chine et en Inde. Ces deux Etats ont vu leur consommation bondir de plus de 20 % entre 2007 et 2010. Et ils ne devraient pas s’arrêter en si bon chemin car la croissance se porte bien, la population croît et aspire à un meilleur niveau de vie. Du coup, l’Agence internationale de l’énergie prévoit une augmentation de la demande de pétrole de deux millions de baril par jour en 2011 rien que pour satisfaire l’appétit de ces deux ogres.

“Les tensions pourraient s’accentuer du côté de l’offre”, prévient Colette Lewinner, directrice monde des activités énergies chez Capgemini, même si l’Opep dispose de capacités de production excédentaires. Mais le cartel a d’ores et déjà prévenu qu’il n’ouvrirait pas davantage les vannes. Sauf si le baril reste durablement de 100 dollars.

Un choc pétrolier est possible si la crise s’étend dans le monde arabe

Par ailleurs, il faut rappeler que les possibilités de découverte de nouvelles capacités de production pétrolières sont limitées. Les Etats-Unis n’ont toujours pas distribué de nouveaux permis d’exploitation dans le golfe du Mexique depuis l’affaire BP. Quant au pétrole non conventionnel à partir des sables bitumineux et des schistes asphaltiques en Amérique du Nord, son développement coûte très cher. Du coup, le prix du baril devrait rester élevé en 2011, autour de 90 dollars. Rien ne laisse cependant penser, pour l’heure, au retour d’un baril à 150 dollars comme en juillet 2008.

“Les stocks américains et européens sont largement supérieurs à leur niveau de l’époque, assure Colette Lewinner. Mais les risques demeurent. Il ne faut pas exclure une extension de la contestation dans le monde arabe en Algérie, en Lybie, ou pire, en Arabie Saoudite et en Iran, qui sont des producteurs de pétrole bien plus importants que l’Egypte.” Par ailleurs, nul ne sait quels seront les impacts des autres événements géopolitiques attendus en 2011, tels que le retrait des militaires américains en Irak et l’élection présidentielle au Nigéria.

Une chose est sûre : un choc comparable à 2008 serait une menace sérieuse pour la reprise économique des pays importateurs. Notamment pour les Etats européens. Voici deux ans, la force de l’euro avait permis de limiter la casse en allégeant la facture des importations pétrolières. Ce ne sera pas le cas cette année : la monnaie européenne ne s’établit qu’à 1,34 dollar, contre une parité de 1,55 mi-2008.

Elodie Grangié, L’Expansion.com

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