Le Japon tente de contenir la flambée du yen face au dollar

© EPA

Le gouvernement japonais est intervenu ce jeudi sur le marché des changes pour affaiblir le yen qui approche de son plus haut niveau face au dollar depuis 1945 et menace le redémarrage de l’économie affectée par le séisme du 11 mars.

Le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, a indiqué que le Japon était intervenu jeudi 4 août de façon unilatérale pour mettre un terme à des mouvements spéculatifs sur les changes. “Des mouvements unilatéraux renforçant le yen se sont produits récemment sur le marché des changes. Si cela continue, cela pourrait affecter négativement l’économie japonaise et la stabilité financière au moment où le Japon fait le maximum d’efforts pour se reconstruire après le désastre” du 11 mars, a-t-il expliqué.

Il n’a pas précisé l’ampleur de l’intervention et n’a pas voulu dire non plus quelles devises le Japon achetait ou vendait. Mais l’initiative a poussé le yen à la baisse face au dollar. Vers 06H00 GMT, le dollar était remonté à 79,42 yens contre 76,99 yens vers 00H00 GMT, avant l’intervention. L’euro a aussi bondi face à la devise nippone et cotait 113,31 yens vers 06H00 GMT, contre 110,45 yens vers 00H00 GMT. Afin d’amplifier la lutte contre le yen cher, la Banque du Japon a élargi ses dispositifs d’assouplissement monétaire, via l’achat d’obligations d’Etat et autres titres, ainsi que par l’extension de prêts à taux préférentiels.

Tokyo avait plusieurs fois déploré que la monnaie japonaise était “surévaluée”, notamment depuis le mois de juillet, lorsque les investisseurs se sont inquiétés des problèmes d’endettement des Etats-Unis et ont placé des fonds dans la “valeur refuge” que constitue le yen. Le vote mardi au Congrès du relèvement du plafond de la dette américaine n’a pas entravé la flambée de la devise nippone, les opérateurs angoissant pour les perspectives de l’économie mondiale. Un yen trop vigoureux bride les marges des entreprises nippones sur les marchés extérieurs, sabote leur compétitivité, les conduit à délocaliser et à se fournir auprès de firmes étrangères, au détriment de l’industrie, des emplois et de l’économie nippone dans son ensemble.

“Nous ne pensons pas que l’action d’aujourd’hui va changer fondamentalement la tendance du dollar par rapport au yen”, a toutefois prévenu Junko Nishioka, de la banque britannique RBS dans un rapport. “Tant que la croissance américaine sera aussi fragile et que des mesures d’assouplissement monétaires seront attendues du côté de la banque centrale américaine, le niveau du dollar/yen a peu de chance de remonter suffisamment pour soulager les exportateurs japonais”, a-t-elle expliqué. Entre avril et juin, la hausse du yen a plombé les résultats financiers de nombreuses entreprises nippones actives à l’étranger, notamment dans l’électronique, la mécanique de précision et l’automobile, et le patronat pressait les autorités d’agir.

La dernière intervention unilatérale de Tokyo sur le marché des changes, d’une efficacité limitée, datait du 15 septembre 2010. Le club des pays riches du G7, dont le Japon, avait par ailleurs vendu massivement des yens de façon coordonnée le 18 mars, au lendemain du séisme dévastateur dans le nord-est de l’archipel. Objet de spéculation, la devise nippone venait d’établir un nouveau record de vigueur depuis la fin de la Seconde guerre mondiale (76,25 yens pour un dollar). Elle avait chuté après l’action du G7, le dollar dépassant 85 yens en avril et se maintenant au-dessus des 80 yens plusieurs mois. Mais le billet vert est repassé sous cette barre symbolique depuis quelques semaines.

Trends.be, avec Lexpension.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content