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Le FMI place le climat comme un des points centraux de la conjoncture mondiale

Le Fonds Monétaire international (FMI) a récemment publié son rapport annuel World Economic Outlook. La lecture, même rapide, de ce rapport n’est jamais dénuée d’intérêt.

D’une part, le FMI dresse dans le premier chapitre de son rapport un bilan de santé de l’économie mondiale. D’une année à l’autre, cela permet de se rendre compte des évolutions marquantes, des changements dans les rapports de force entre les différentes économies, mais aussi des risques qui pèsent sur le scénario. Par ailleurs, trois à quatre thématiques sont abordées dans les chapitres suivants. Le choix des thématiques n’est pas anodin : il reflète ce que le FMI considère aujourd’hui comme des points centraux de la conjoncture ou de la structure économique mondiale. Cette année, trois thématiques sont abordées : la faible croissance des salaires (dont les raisons font l’objet d’importants débats entre les économistes), les politiques fiscales (un grand classique des dernières années) et l’impact des changements climatiques.

Cette dernière thématique est inédite dans les rapports du FMI et mérite que l’on s’y attarde un peu. L’angle d’attaque du FMI est d’essayer d’estimer l’impact d’une hausse de la température sur la croissance économique des différents pays. La bonne nouvelle pourrait être que dans ce cadre, les pays de l’hémisphère nord en sortent plutôt gagnants, l’impact d’une hausse de la température étant globalement positif sur la croissance. Le FMI y ajoute que les pays développés ont globalement une meilleure faculté d’adaptation aux changements climatiques. Par conséquent, on pourrait se rassurer en se disant que finalement, le réchauffement climatique n’est pas grave. Comme le prétendent certains vignerons britanniques, on arrivera même à faire dans les pays du nord un meilleur champagne qu’en champagne, ce qui n’est pas une mauvaise nouvelle.

Le réchauffement climatique impactera le commerce mondial, les équilibres entre les économies ainsi que leurs performances relatives

Un tel raisonnement est évidemment erroné. D’une part, il est difficile d’appréhender dans quelle mesure chaque pays sera touché par le réchauffement climatique. Or, l’impact économique est fondé sur une hypothèse de distribution de la hausse de la température à travers la planète. Les résultats sont donc à prendre avec des pincettes. D’autre part, les pays en voie de développement de l’hémisphère sud seront les plus touchés par le réchauffement climatique, provoquant une baisse de la croissance économique par habitant. Ainsi, en 2100, le FMI estime que le PIB par tête des pays en voie de développement sera 9 % moins élevé que dans un scénario excluant le réchauffement climatique. On sait en effet que les rendements agricoles diminuent au-delà d’une certaine température. Il en va de même de la productivité : une étude de Seppänen, Fisk et Faulkner montre par exemple qu’au-delà de 25 °C, la productivité du travail diminue de 2 % pour chaque degré supplémentaire. Cette situation est aggravée par le fait que les pays en voie de développement ont une faible capacité d’adaptation à ces changements climatiques. Selon les Nations unies, il leur faudrait consacrer pas moins de 30 % de leur PIB dans des investissements pour se prémunir des effets du réchauffement. Comment peuvent-ils financer cela ?

Il serait illusoire de penser que l’impact négatif du réchauffement sur les pays du Sud ne nous concerne pas. Il ne fera au contraire qu’attiser les tensions géopolitiques et augmenter le nombre de réfugiés (climatiques). Or ces éléments jouent aussi un rôle capital dans la définition de la croissance économique des pays développés.

En conclusion, même si les débats sur l’ampleur du réchauffement climatique, sur ses origines ou sur le degré d’urgence à inverser la situation ne sont pas clos, le réchauffement climatique lui-même doit aujourd’hui être considéré comme une tendance inéluctable des prochaines décennies, au même titre que le vieillissement de la population ou que la robotisation des processus de production. Cette tendance ” climatique ” impactera le commerce mondial, les équilibres entre les économies ainsi que leurs performances relatives. Elle ne peut plus être absente des prévisions économiques de long terme. C’est quelque part aussi cela que l’on doit retenir du fait que le FMI y ait consacré un chapitre de son dernier rapport.

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