Le FMI critique la rigueur de la BCE

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L’institution redoute que les pays en difficultés de la zone euro hésitent à solliciter l’aide de la BCE “en raison de considérations de politique intérieure”. Les conditions imposées à ces pays peuvent freiner encore davantage la croissance et aggraver les déficits.

Le Fonds monétaire international persiste et signe. Après avoir appelé l’Europe à lever le pied sur la rigueur, l’institution dirigée par Christine Lagarde s’inquiète, dans un rapport publié mercredi, des risques politiques “importants” qui pèsent sur le nouveau programme de rachat d’obligations publiques de la Banque centrale européenne (BCE), en raison notamment des conditions qui seront exigées des pays bénéficiaires.

Ce programme “jouit d’une plus grande crédibilité (…) mais il fait face à d’importants risques liés à des facteurs politiques et à sa mise en application”, écrit le Fonds monétaire international dans son rapport sur la stabilité financière dévoilé à Tokyo. Face à la crise de la dette, la BCE a annoncé début septembre un nouveau programme de rachat illimité d’obligations publiques réservé aux Etats ayant requis l’aide du fonds de secours européen (MES) qui, en contrepartie, exigerait des efforts accrus d’assainissement de leurs finances publiques.

Le MES, un mécanisme encore virtuel

“Les gouvernements doivent désormais demander le soutien (du fonds de secours, ndlr), accepter les conditions et mettre en oeuvre les réformes”, souligne le FMI à l’heure où les programmes d’austérité soulèvent une résistance croissante en Europe. Grâce au programme de la BCE, “la taille du pare-feu (de la zone euro, ndlr) est dévenu suffisamment flexible” mais “les marchés peuvent considérer que ce mécanisme est virtuel et pas encore réel”, a déclaré José Vinals, directeur du département des marchés internationaux au FMI.

Lors d’une conférence de presse, M. Vinals a notamment redouté que des pays en difficulté hésitent à solliciter l’aide de la BCE “en raison de considérations de politique intérieure”. “Ce serait vraiment regrettable”, a-t-il ajouté. L’Espagne, dont les taux d’intérêt sur les emprunts à dix ans flirtent avec les 6%, rechigne encore à demander d’actionner ce nouveau mécanisme d’aide qui n’a donc jamais été testé.

Le Fonds prévient par ailleurs que le programme de la BCE ne garantira pas “catégoriquement” le retour à une dette viable “en raison de l’impact incertain” des conditions imposées aux pays, qui peuvent parfois freiner encore davantage la croissance et aggraver les déficits. Le FMI assure également que ce programme doit s’accompagner d’une recapitalisation “crédible” des banques et d’une union bancaire. Fin septembre, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, avait assuré que le programme de la BCE marquait un “tournant” dans la crise.

L’Expansion.com

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