Le cours de l’euro peut-il être manipulé ?

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Donald Trump a accusé vendredi l’Union européenne et la Chine de manipuler leurs monnaies pour améliorer la compétitivité de leurs produits, ce qui pénaliserait les Etats-Unis. Si la Chine a une monnaie administrée, qu’en est-il pour l’Europe ?

Que répond la Banque centrale européenne à Trump ?

Sollicité par l’AFP, un porte-parole de l’institution s’est refusé à tout commentaire sur la déclaration du président américain.

Ce n’est pas la première critique de Washington visant la BCE: le conseiller économique de Trump Peter Navarro avait déjà estimé début 2017 que l’Allemagne exploitait un euro “sous-évalué”.

“Nous ne sommes pas des manipulateurs de monnaie”, avait immédiatement riposté le président de la BCE Mario Draghi.

En janvier dernier, réagissant cette fois à des propos du secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin vantant le dollar faible, il avait rappelé l’engagement pris à l’automne 2017, lors d’une réunion du FMI, à s’abstenir de toute déclaration destinée à manipuler les taux de change.

La BCE “manipule-t-elle” la monnaie ?

Peser sur les taux de change n’est pas un objectif fixé à la BCE, dont le mandat se limite à viser une inflation “proche mais inférieure à 2% sur le moyen terme”. Plus largement et à condition de respecter cet objectif premier, l’institution “apporte son soutien aux politiques économiques générales dans l’Union”. Mais sa fonction est plus étroite que celle de la Fed, qui doit viser le plein emploi en plus de la stabilité des prix.

En revanche, l’évolution des taux de change peut être une conséquence des politiques monétaires, surtout si elles sont différenciées selon les zones géographiques: une baisse des taux tend à déprécier la monnaie concernée, qui se trouve moins rémunérée.

Le recul de l’euro arrange-t-il la BCE ?

Plutôt, puisqu’il soutient les économies les plus exportatrices, tout en contribuant à ranimer l’inflation: en effet, un euro faible renchérit les importations et aide par ricochet à faire grimper les prix, alors que la hausse de l’euro freine les pressions inflationnistes.

L’Union européenne décide-t-elle de sa politique monétaire ?

La BCE est indépendante des gouvernements de la zone euro, un statut inscrit dans les traités européens et directement inspiré de celui de la Bundesbank, considérée comme l’un des piliers de la renaissance économique de l’Allemagne d’après-guerre.

Les membres de son conseil des gouverneurs sont certes nommés au terme de tractations entre Etats membres, mais ils ne peuvent recevoir de consignes et ne peuvent être révoqués, sauf “faute grave”. Le président de la BCE se borne à rendre compte de sa politique chaque trimestre devant la commission économique du Parlement européen. Il appuie ses décisions sur l’analyse des données économiques et sur les prévisions de l’institution.

Cette indépendance n’a pas empêché la BCE d’affronter des pressions politiques, en particulier venues de Berlin. L’ancien ministre des Finances Wolfgang Schäuble a exhorté l’an dernier l’institution à abandonner sa politique de taux négatifs et son programme de rachats d’actifs – en vain.

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