Le cataclysme Lehman, au carré!

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Le marché ne croit pas vraiment au défaut de paiement de Washington, mais qui sait? La date fatidique du 17 octobre se rapproche à grands pas…

La dette que l’Etat américain a contractée sous forme d’obligations se monte à quelque 12.000 milliards de dollars, soit plus de 23 fois les engagements de Lehman Brothers au moment de sa culbute. C’est dire qu’un défaut de paiement de la part de Washington serait un cataclysme sans équivalent dans l’histoire. Les avertissements de ce genre sont légion de la part de très grosses pointures comme Lloyd Blankfein, le patron de la banque Goldman Sachs, ou du légendaire Warren Buffett, qui évoque une bombe atomique !

Personne n’y croit vraiment mais, en même temps, on ne peut exclure à 100 % l’hypothèse d’une telle catastrophe.

Défauts en cascade Un Etat endetté dans sa propre devise ne peut pas faire faillite, enseignent les manuels d’économie : il lui suffit d’imprimer des billets pour rembourser sa dette. Tel est le cas des Etats-Unis… sauf qu’il y a un problème technique : là-bas, l’Etat n’est autorisé à s’endetter que jusqu’au niveau fixé par la loi, soit aujourd’hui 16.700 milliards de dollars. Pour aller plus loin, le Congrès doit donner son aval. Or, les Républicains, qui détiennent la majorité à la Chambre, ont prévenu : ils n’accepteront de rehausser le plafond qu’en échange du report de la loi sur la protection des patients et des soins abordables, plus connue sous le vocable Obamacare. Un “chantage” que le président ne peut pas accepter.

Les Etats-Unis retiennent donc leur souffle, car l’échéance se situe le 17 octobre. A défaut d’accord, Washington ne pourra alors plus payer les intérêts de sa dette ni surtout rembourser ses emprunts échus. Or, il y en aura pour 120 milliards dès ce 17 octobre et pour 300 milliards durant les trois semaines qui suivront. S’il n’est pas vraiment question de faillite, au moins s’agirait-il d’un défaut de paiement, ce qui est techniquement presque aussi grave.
Illustration : une banque ayant une grosse échéance le 18 octobre et détenant, pour y faire face, de la dette américaine remboursée le 17, serait elle aussi en défaut de paiement si Washington ne remboursait pas.

Un peu caricatural ? Il est une autre situation, extrêmement répandue. Quand une institution financière emprunte à court terme auprès d’une autre (c’est le marché des repurchase agreements, ou repos), elle dépose des titres très sûrs en garantie. Les obligations américaines y jouent les vedettes, avec pas moins de 2.800 milliards de dollars actuellement. Si Washington fait défaut, cette garantie saute et le débiteur est contraint de rembourser sur-le-champ, ce qui peut le mettre en situation de défaut.

Scénario trop noir ? A supposer que les parties trouvent un arrangement, le marché des repos serait en tout cas largement gelé, mettant nombre de banques en difficulté. Après tout, la chute de Lehman, c’est exactement cela ! En 23 fois plus petit…

Wall Street dans le rouge faute d’accord En attendant, faute d’accord et donc d’être rassurée, la Bourse de New York a ouvert en légère baisse lundi, les investisseurs espérant plus que tout ce fameux accord américain permettant d’écarter la menace d’un défaut de paiement à quatre jours de la date limite.

Le Dow Jones lâchait 0,56% et le Nasdaq 0,49%. Vers 13H45 GMT, le Dow Jones reculait de 84,68 points à 15.152,43 points quand le Nasdaq, à dominante technologique, perdait 18,57 points à 3.773,30 points. L’indice élargi Standard & Poor’s 500 cédait 0,52% (-8,92 points) à 1.694,28 points.

Wall Street avait achevé la semaine sur une note positive vendredi, confiante alors dans l’imminence d’un accord sur la dette et le budget américains. Mais les marchés “commencent la semaine avec un goût amer”, après l’échec des responsables du Congrès américain à trouver un agrément ce week-end, notaient les analystes de Schaeffer’s Investment Research.

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