Le Capital au XXIe siècle de Piketty bouleverse les USA

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En tête des ventes sur le site américain d’Amazon, parmi les meilleures ventes dans la liste du New York Times, un mois après sa sortie, l’ouvrage Capital in the Twenty First Century (Le Capital au XXIe siècle) et son auteur l’économiste français Thomas Piketty, sont devenus en un mois seulement de véritables stars outre Atlantique.

Bien sûr, le Wall Street Journal, bible des marchés financiers, s’est fendu d’une critique au vitriol du Capital au XXIe siècle, à l’instar de la National Review qui le qualifie sa thèse de “nouveau marxisme”. Le reste n’est que concert de louanges.

Longtemps, le marxisme a été l’ennemi sur le sol américain, et le titre même du pavé de Piketty aurait pu causer sa perte. Mais, comme l’explique son auteur au Monde, “les inégalités ont beaucoup plus augmenté aux États-Unis qu’en Europe au cours des trente ou quarante dernières années. De ce point de vue, ce n’est pas étonnant que le problème soit très présent dans le débat américain. Le retour des inégalités inquiète ici”.

Succès anglo saxon

Paul Krugman, éditorialiste pour le New York Times mais surtout prix Nobel d’économie 2008 s’est fendu d’une critique dithyrambique du Capital au XXIe siècle, le qualifiant de de “révolutionnaire” : avec ce livre, “Piketty a transformé notre discours économique, et nous ne parlerons plus jamais d’inégalité des richesses de la même manière”.

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Matthew Yglesias, journaliste économique américain y voit “le livre économique le plus important de l’année”. Même du côté de la City londonnienne, le Financial Times approuve. Les conseillers de Barack Obama ont même reçu l’auteur à la Maison Blanche.

En retraçant l’histoire des inégalités non pas entre les riches et les autres, mais entre les ultra-riches et le reste de la population, Piketty s’intéresse donc au fameux “1 %” pointé du doigt par des mouvements protestataires comme “Occupy Wall Street”. Et il ne fait pas que dénoncer, lui qui se dit “vacciné contre la rhétorique paresseuse de l’anticapitalisme”, son Capital apporte plus de 100 ans de données chiffrées sur l’accumulation des patrimoines. Un constat choc au pays des salaires faramineux, des bonus extraordinaires et des financiers tout-puissants de Wall Street. On comprend alors que ce soit sur ce sol que le postulat de Piketty frappe le plus.

Le XXIe siècle, retour à la Belle Epoque

Dans son livre, Piketty met en parallèle la situation actuelle et celle du tournant du XIX au XXe siècle. Et les inégalités de richesses qui atteignent les même records. Ces fortunes sont des patrimoines constitués qui se transmettent de génération en génération. Sauf qu’aujourd’hui, ces richesses proviennent essentiellement de la rente du capital quand à la Belle Epoque, le foncier était encore très important.

Pour Piketty, ce ne sont plus des fortunes constituées à la sueur du front de “self-made men” mais bien dûes à l’instauration d’une sorte d’aristocratie d’ultra-riches. Cette thèse est selon Krugman la raison du succès de ce livre au Etats-Unis.

Et après…

Fort de ce succès, la question qui se pose est bien sûr est-ce que le Capital au XXIe siècle aura un impact concret sur les politiques, européennes et américaines. Notamment sur la question de l’impôt progressif sur les revenus, que l’auteur invite à repenser. Ou encore conduira-t-il à l’instauration d’une taxation – internationale – des patrimoines. Un programme politique à mener, au-delà des débats passionnés, des critiques et des ventes record.
>>> Lire également l’entretien avec Thomas Piketty ” Les hiérarchies salariales sont demeurées les mêmes qu’à la Belle Epoque”

Thomas Piketty, Le capital au XXIe siècle, Éditions du Seuil, 976 pages, sorti en septembre 2013.

Traduction en anglais Thomas Piketty, Capital in the Twenty-First Century, Harvard University Press, 696 pages, sorti en avril 2014

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