“La zone euro peut s’en sortir sans restructuration de dettes”

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Pour Laurence Boone, responsable de la recherche économique de la banque d’investissement Barclays Capital, il n’y aura ni éclatement de la zone euro ni restructurations de dettes dans les pays périphériques.

Les efforts fournis par les pays européens sont ils suffisants pour stabiliser leur endettement ?

Beaucoup de Cassandre, en ce début d’année, imaginent un éclatement de la zone euro. Ce n’est pas notre cas. Au contraire, nous pensons que les pays européens sont capables de mener à bien les ajustements nécessaires de leur politique budgétaire sans pour autant tuer leur croissance.

L’effort de réduction des déficits publics est certes colossal pour certains Etats : plus de 4 % du PIB pour la Grèce et le Portugal, 2,6 % pour l’Espagne. Mais ils pourront s’appuyer sur la bonne santé des pays du centre et notamment de l’Allemagne, dont l’ajustement budgétaire ne représentera que 0,5 % de son PIB en 2011, pour stimuler leurs exportations. Par ailleurs, la BCE ne devrait pas relever ses taux d’intérêt de sitôt, même si l’inflation a atteint 2,2 % en décembre. Car il n’y a pas de spirale inflationniste dans les tuyaux. La hausse est principalement due à un boom des tarifs de l’énergie et des prix administrés dans bon nombre de pays.

Vous pensez donc que les pays européens échapperont à une restructuration de leur dette…

Oui. Certes, les ajustements budgétaires seront longs et difficiles : ils prendront entre huit et dix ans. Du coup, un rééchelonnement de la dette souveraine de certains pays devrait être nécessaire pour leur donner le temps de ramener leurs déficits et leur endettement à des niveaux raisonnables.

En revanche, une restructuration des dettes souveraines avec une décote n’est pas d’actualité. L’impact d’une telle procédure et les risques de contagion sont très mal maitrisés. La plus importante restructuration qu’a connue l’économie mondiale jusque-là est celle de l’Argentine en 2001. Mais les montants en jeu n’étaient que de 80 milliards de dollars, contre près de 350 milliards de dollar si la Grèce venait à faire défaut.

Pis, une restructuration serait inutile car elle ne résoudrait pas le problème du déficit primaire du pays, qui représente 13,5 % du PIB. Seules des réformes structurelles profondes peuvent résorber un tel fossé. Une restructuration ne ferait qu’affoler les prêteurs et entrainer une envolée des taux obligataires.

Vous êtes plutôt optimiste pour l’année 2011. Quels sont les principaux risques ?

Deux grandes craintes. D’une part, que les résultats de la deuxième série de tests de résistance (stress tests) des banques européennes, prévus au cours du premier semestre, déçoivent. D’autre part, qu’une montée en puissance de l’inquiétude des marchés entraîne une envolée des taux de certaines dettes souveraines.

Propos recueillis par Elodie Grangié, L’Expansion.com

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