La Russie décrète un embargo sur les produits agroalimentaires occidentaux

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Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a décrété jeudi une “interdiction totale, dès aujourd’hui, durant un an” de la plupart des produits alimentaires en provenance des pays d’Europe et des États-Unis, confirmant les mesures ordonnées mercredi par le président Vladimir Poutine. D’autres secteurs pourraient bientôt être concernés.

“Conformément au décret présidentiel, j’ai signé un décret gouvernemental. La Russie impose une interdiction totale sur le boeuf, le porc, la volaille, le poisson, le fromage, le lait, les légumes et les fruits”, a indiqué le Premier ministre russe Dmitri Medvedev jeudi, en réponse aux sanctions occidentales à l’encontre de Moscou.

Une liste détaillée a été relayée sur le site du gouvernement russe. L’interdiction concerne ainsi “la viande bovine, de porc, la volaille sous forme fraîche, réfrigérée ou congelée. La viande salée, en saumure, séchée ou fumée. Les poissons, crustacés et mollusques. Le lait et les produits laitiers. Les légumes, les fruits et les fruits à coque. Les charcuteries, les saucisses et autres préparations à base de viande. Le fromage, ainsi que les produits préparés à partir de graisse végétale.”

Les aliments pour nourrissons sont néanmoins épargnés, ainsi que les produits agroalimentaires achetés à l’étranger par les citoyens russes.

Les importations en provenance des États-Unis, de l’Union européenne, de l’Australie, du Canada et de la Norvège seront ainsi interdites, selon l’agence de presse russe Interfax.

“Toute tentative de spéculation” venant de personnes voulant tirer profit de la situation “sera sévèrement réprimée”, a également averti M. Medvedev.

Une levée de l’interdiction reste possible

Cette interdiction pourra toutefois être levée si “nos partenaires font preuve d’une approche constructive”, a déclaré M. Medvedev.

“Nous avions espéré jusqu’au dernier moment que nos homologues étrangers comprendraient que des sanctions mèneront à une impasse”, a expliqué le Premier ministre russe pour expliquer la réponse tardive de la Russie aux sanctions occidentales.

“Mais même dans ces conditions, nous sommes persuadés que nous arriverons à retourner la situation en notre faveur”, a indiqué Dmitri Medvedev, promettant d'”empêcher la hausse des prix” et de “libérer les étals pour nos propres producteurs”. “Une telle chance – une occasion unique d’ouvrir et de développer notre industrie destinée à la substitution des importations – ne peut être négligée”, a-t-il ajouté.

Le secteur automobile bientôt touché ?

Dmitri Medevedv a également indiqué ce jeudi envisager la mise en place “de mesures protectionnistes dans plusieurs secteurs”, dont celui de l’automobile ou encore de la construction navale, selon l’agence de presse Interfax.

“Nous sommes prêts à introduire des mesures protectionnistes dans le secteur de la construction aéronautique, navale, automobile, ainsi que d’autres industries”, a affirmé M. Medvedev lors d’une réunion du gouvernement russe. “Nous le ferons de manière réfléchie”, a renchéri le Premier ministre.

“Le gouvernement est pleinement conscient des importantes collaborations qui sont établies dans ces secteurs. Mais nous sommes également bien conscients des capacités de notre pays”, a conclu M. Medvedev.

Après avoir annoncé l’embargo imposé sur les produits agroalimentaires occidentaux, le Premier ministre russe a menacé d’interdire le survol du territoire russe aux compagnies aériennes effectuant des liaisons entre l’Europe et l’Asie via la Sibérie, la route la plus courte, en réponse aux sanctions occidentales.

Protectionnisme et inflation Les experts ont estimé que des mesures protectionnistes provoqueraient une hausse du taux d’inflation en Russie (qui était le mois dernier de 7,8% sur un an), même si de telles mesures pourraient également favoriser les producteurs locaux.

“La rhétorique protectionniste de la Russie gagne en puissance”, ont estimé les analystes de VTB Capital dans une note jeudi, ajoutant que les restrictions ont été jusqu’ici la “principale cause de la hausse des prix alimentaires en Russie”.

Un peu moins de 10% des exportations agricoles de l’Union européenne vont à la Russie, soit l’équivalent de 11 milliards par an, selon les chiffres de la Commission européenne. Il s’agit principalement de fruits et légumes, fromage et viande de porc.

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