La Grèce pourrait coûter 5 milliards à la Belgique

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Le deuxième plan d’aide à Athènes est sur les rails… dans un scepticisme généralisé. Pour le moment, il ne devrait pas coûter (trop) d’argent supplémentaire à la Belgique. Mais quel est le risque ?

Le ministre belge des Finances, Steven Vanackere (CD&V), croise les doigts. Le nouveau plan d’aide à la Grèce négocié à Bruxelles lors d’une réunion des argentiers des pays de la zone euro, ne devrait pas affecter les finances du Royaume. Pas pour le moment. Enfin, pas trop…

Les pays de la zone euro et le FMI vont prêter 130 milliards de plus à la Grèce, moyennant des conditions très dures, dont la baisse de 22 % du salaire minimum, qui atteint actuellement 877 euros. Cette somme s’ajoutera aux 110 milliards d’euros prêtés dans le cadre d’un premier plan signé en 2010, dont 73 milliards ont déjà été versés (1,942 milliard par la Belgique).

Les négociations de ce deuxième plan prévoient aussi l’abandon, par les détenteurs d’obligations publiques grecques, de 53,5 % de leur valeur. La dette, qui atteint les 350 milliards d’euros, devrait ainsi fondre de 107 milliards. Cela ne touche pas les pays prêteurs du premier plan d’aide, qui devront toutefois accorder une ristourne rétroactive sur les taux pour ne pas dépasser une marge de 1,5 %. Notons qu’au départ, la Belgique pouvait espérer une marge de 3 %.

Pas de nouveaux transferts, mais une garantie

Dans le cadre du prochain plan, la Belgique ne sera pas amenée à prêter de l’argent. Le fonds européen de stabilité financière (EFSF) assurera la tâche, en empruntant des capitaux sur les marchés, avec la garantie des Etats de l’euro qui ne sont pas touchés par des plans. La Belgique prendra alors 3,72 % du risque à sa charge, soit plus de 3 milliards d’euros. L’exposition totale de la Belgique s’élèvera ainsi à plus de 5 milliards d’euros.

Si tout va bien, ce scénario ne présente pas de risque. Mais les optimistes se font rares. Les avis sont unanimes pour estimer nécessaire cette deuxième aide et d’autre part, nombreux sont ceux qui la jugent insuffisante. “Cela va régler le problème de la liquidité, pas de la solvabilté”, résume Etienne de Callataÿ, chief economist à la Banque Degroof.

Jusqu’à présent, le remède de cheval imposé à la Grèce pour réduire son endettement n’a conduit qu’à une récession prolongée. Le rebond attendu ne vient pas. D’où ce second plan. “La Grèce a besoin de temps, on ne peut pas remettre le pays sur pied en un an, combattre la fraude, rendre les entreprises publiques efficaces et avoir une armée avec moins de pouvoir, dans un délai aussi court”, continue Etienne de Callataÿ, qui aurait préféré un plan à long terme. Le but d’arriver à un endettement de 120,5 % du PIB en 2020 semble bien improbable.

Pourquoi valider l’accord, malgré tout ? Le précédent Lehman Brothers a rendu les Etats plus prudents ; mieux vaut gagner du temps. Du reste, l’accord est encore théorique : il doit subir quelques validations, passer devant certains parlements. Et être digéré par la Grèce, qui va bientôt voter.

Robert Van Apeldoorn

Les plans d’aide en dates

Mai 2010. Premier plan d’aide à la Grèce. Les pays de la zone euro et le FMI prêtent 110 milliards d’euros, par tranches.

Juin 2010. Création de l’EFSF (fonds basé à Luxembourg, détenu par les pays de la zone euro), créé pour aider les pays de l’union monétaire en difficulté. Il prête à l’Irlande et à l’Espagne. Capacité : 440 milliards d’euros. Les Etats actionnaires garantissent les prêts.

Février 2012. Accord sur un second plan d’aide à la Grèce de 130 milliards d’euros et l’effacement d’une part de sa dette.

Juillet 2012. Lancement de l’ESM (European Stability Mechanism), qui remplacera l’EFSF pour les éventuels prochains plans d’aide.

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