La Grèce peut-elle vraiment quitter la zone euro (et avec quelles conséquences) ?

© Reuters

Le ‘non’ au référendum grec a rendu le spectre d’un ‘Grexit’ plus réel que jamais. Les textes européens ne prévoient pas la sortie d’un pays de la zone euro, mais l’attitude de la BCE sera déterminante.

Avant même le référendum grec, qui s’est soldé par un ‘non’ dimanche soir, l’agence de notation Standard & Poor’s estimait déjà qu’un Grexit avait 50 % de chance de se produire. Alors, à quelles conditions la Grèce peut-elle encore rester dans l’euro ? “Tout dépend de l’attitude de la Banque centrale européenne”, explique Eric Dor, directeur des études économiques de l’IESEG School of Management. Aujourd’hui en effet, le système bancaire grec s’effondre. Il ne tient que parce que la BCE octroie des lignes de liquidités d’urgences aux banques grecques : ce sont des crédits qui sont garantis par tout ce que les banques peuvent avoir de vendable (bâtiments, créances, tableaux, etc.). “Mais les ELA sont réservées à des banques solvables”, note encore Eric Dor. “Or aujourd’hui, les banques grecques ont environ 28 milliards d’actifs publics, et environ 28 milliards de fonds propres nets.” Si jamais les actifs de l’Etat grec ne valaient plus rien, les banques grecques n’auraient donc plus de fonds propres et deviendraient insolvables.

La BCE, n’a pas encore franchi le pas. Elle ne veut pas être l’institution qui appuie sur le bouton “exit”. Mais elle a obligé depuis une semaine le gouvernement grec à prendre des mesures sévères de contrôle des capitaux pour ne pas aggraver le problème. Les retraits en cash sont limités, pour les détenteurs d’un compte en Grèce, à 60 euros. Et il devient très difficile de faire sortir de l’argent du pays.

Quel serait l’impact d’un retour à la drachme ?

Et si la Grèce devait tout de même sortir de la zone euro et revenir à la drachme, les conséquences seraient imprévisibles pour l’économie grecque, mais ne seraient pas dramatiques pour les acteurs privés étrangers.

“Les investisseurs et les entreprises ont déjà depuis longtemps pris leurs distances”, note Bart Van Craeynest, économiste en chef d’Econopolis. Ceux qui portent les plus grands risques sont en effet désormais les Etats européens, qui ont 200 milliards sur les épaules, sans compter les 127 milliards qui pèsent sur la BCE. Des sommes importantes, mais gérables. Ce qui serait plus embêtant, en revanche, c’est une réaction épidermique des marchés.

“Le danger pour un pays comme la Belgique est moins la dizaine de milliards d’exposition au risque grec que de voir remonter les taux d’intérêt de 1 ou 2 % sur la dette publique”, observe Eric Dor. Et de conclure: “On donne aujourd’hui aux eurosceptiques, notamment au Royaume-Uni, des arguments en béton. Ils peuvent clamer que les technocrates de Bruxelles et les instances supranationales sont incapables de gérer les problèmes de manière efficiente.”

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