La Grèce joue cartes sur table: quels sont les scénarios possibles ?

Alexis Tsipras et Euclide Tsakalotos © Reuters

Alexis Tsipras semble désormais prêt à accepter les mesures qu’il refusait encore avant le referendum, et que les Grecs ont refusées ! Quels sont maintenant les scénarios possibles ?

“Les chances d’un accord ont augmenté”, estime Anthony Baert, économiste chez ING spécialisé dans la zone euro. La raison est claire: les mesures proposées par le gouvernement grec sont peu ou prou celles qui avaient été demandées par les créanciers (FMI et pays de la zone euro), comme une hausse de la TVA et la pension à 67 ans.

C’est un bon point de départ, toutefois il reste un sujet sensible à traiter: la renégociation de la dette. Le FMI l’estime désormais indispensable, mais beaucoup de pays de l’UE renâclent. La dette dépasse en effet les 310 milliards d’euros (plus de 170% du PIB). “Au plan économique, cette dette est clairement trop lourde pour la Grèce”, estime Anthony Baert.

La restructuration de la dette dans les coulisses

Les Grecs n’ont toutefois pas inclus une demande de restructuration de la dette dans leurs propositions. “Cela tient sans doute au processus de discussion”, continue Anthony Baert. “Les propositions de réformes et la demande de financement de 3 ans seront examinées par des technocrates pour voir si elles sont crédibles. Mais une discussion sur la dette est moins technique que politique, elle devrait être faite séparément et tomber directement sur la table des représentants des états de la zone euro.” Une réunion est prévue ce dimanche.

Les partenaires européens pourraient se méfier et n’accorder à la Grèce que quelques mois de financement, pour vérifier si Alexis Tsipras va bel et bien mettre en oeuvre les réformes promises…

Deux scénarios du meilleur et un scénario du pire

Quels seraient les scénarios possibles ?

Un accord sur 3 ans et la dette. Un accord sur un nouveau plan de 3 ans de financement et une négociation de la dette. Une baisse de l’endettement permettrait à la Grèce d’entrevoir la possibilité de revenir sur les marchés et de se passer des contraintes imposées par les prêts européens. Risque : Athènes pourrait ne pas exécuter les réformes comme prévu, ce qui entraînerait un nouveau blocage des évaluations faites pour le versement de chaque tranche de financement.

Une décision en deux temps. Les pays de la zone euro, échaudés par l’expérience passée, pourraient accorder un prêt de trois mois et n’envisager une négociation de la dette qu’à ce terme. Pour s’assurer de la bonne foi d’Athènes et de la bonne exécution du plan proposé. La formule pourrait être plus acceptable politiquement pour les prêteurs les plus sceptiques. Un financement sur près de 3 ans pourrait alors être négocié. “Cette décision est moins positive que la précédente, mais elle limiterait fortement l’impact négatif de ces dernières semaines.” Risque: Tsipras pourrait ne pas parvenir à “vendre” cet accord provisoire aux Grecs.

Le paradoxe de la situation est que Tsispras met sur la table les propositions qui ont été précisément refusées au referendum de dimanche passé ! Le Premier ministre obtiendra peut-être un soutien s’il décroche en même temps une négociation de la dette. Sa position sera plus délicate si une décision en deux temps se dégage.

Le scénario de l’échec. Si aucun accord n’est dégagé, “ce sera sans doute la BCE qui devra intervenir, en réduisant ses prêts de liquidités aux banques grecques”, analyse Anthony Baert. Elle ne devrait même pas attendre l’échéance du 20 juillet, à laquelle la Grèce doit payer 3,5 milliards d’euros à la BCE, et pourrait ne pas le faire s’il n’y a pas d’accord. “Il n’y aura pas de décision politique, la BCE sera en première ligne.” Elle serait poussée à la faire s’il n’y a plus d’accord de financement et plus de perspective. À moins que ne surgisse, une fois de plus, un nouveau délai de grâce, une nouvelle négociation, de nouvelles propositions…

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