“La Grèce est sommée de mettre un pistolet sur sa tempe et d’appuyer sur la gâchette”

© AFP/Sakis Mitrolidis

L’Allemagne doit “rectifier le tir” en renonçant aux politiques d’austérité en Grèce et en consentant un “important” effacement de la dette du pays, affirme mardi un collectif d’économistes, dont fait partie le Français Thomas Piketty.

“Nous exhortons la chancelière (Angela) Merkel et la troïka (des créanciers du pays) à penser à rectifier le tir, afin d’éviter un nouveau désastre et de permettre à la Grèce de rester dans la zone euro”, indique la missive signée par cinq économistes et adressée à la dirigeante allemande.

Deux jours après le rejet par référendum des propositions des créanciers (FMI, UE, BCE), la Grèce n’avait mardi toujours pas présenté de plan de réformes pour éviter une sortie de la zone euro, que la Commission européenne admet ne plus exclure.

“A l’heure actuelle, le gouvernement grec est sommé de mettre un pistolet sur sa tempe et d’appuyer sur la gâchette”, indique la lettre ouverte publiée par le magazine américain The Nation sur son site internet. “Malheureusement, la balle ne tuera pas simplement le futur de la Grèce en Europe. La victime collatérale sera la zone euro en tant que havre d’espoir, de démocratie et de prospérité”, ajoute leur courrier.

Pardon

Selon ces économistes, l’Europe a été fondée après-guerre sur l’idée du “pardon” dont l’Allemagne a elle-même profité en bénéficiant d’un effacement de dette massif en 1953, et qu’elle doit perpétuer aujourd’hui. “Nous devons restructurer et réduire la dette grecque, donner à l’économie un peu d’air pour qu’elle se rétablisse, et permettre à la Grèce de rembourser une dette moins lourde sur une plus longue période de temps”, assurent les signataires.

Athènes, soutenue indirectement par le FMI, réclame un allègement de sa faramineuse dette dont les Européens, Allemagne en tête, ne veulent pour l’instant pas entendre parler.

“Il est aujourd’hui temps de repenser, de façon humaine, le programme d’austérité punitif et infructueux des récentes années et accepter une réduction importante de la dette de la Grèce en relation avec des réformes tant attendues” dans le pays, assure le collectif.

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