La FGTB fait le jeu des séparatistes, estime l’UCM

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Le président de l’Union des classes moyennes, Philippe Godfroid, se dit “interpellé” par les propos du secrétaire général de la FGTB Wallonne, Thierry Bodson. Celui-ci dénonçait dans Le Soir “la pression incroyable” exercée par le patronat sur les négociations gouvernementales et estimait qu’une coalition kamikaze “nierait la réalité politique wallonne”.

Les patrons tenteraient-ils un peu trop de s’impliquer dans le jeu politique ? Le patron de la FGTB wallonne, Thierry Bodson, le pense. De “nets positionnements partisans” au moment où se négocient les différentes majorités, “ce n’est pas normal”, déclarait-il dans une interview au Soir.

“Exprimer un souhait de changement, cela me paraît quand même normal, réplique Philippe Godfroid, président de l’UCM. Regardez les difficultés de nombreuses entreprises, regardez le coût du travail et le handicap de compétitivité de la Belgique. C’est pour cela que nous réclamons des baisses de cotisations et des simplifications, cela n’a rien à voir avec une quelconque tentative de manipulation politique, comme le laisse entendre Thierry Bodson. Nous avons le droit de défendre ces positions, comme le font d’ailleurs les syndicats avec l’indexation automatique des salaires.”

Philippe Godfroid se garde bien d’intervenir dans un choix de coalition. Il en reste au rôle classique de dépôts de mémorandums et de discussions avec les négociateurs politiques. “Nous nous exprimerons quand nous verrons les programmes des prochains gouvernements”, dit-il.

Il s’étonne en revanche de voir la FGTB dénigrer certaines éventualités de coalition, comme le fameux kamikaze qui réunirait le MR, la N-VA, le CD&V et l’Opn VLD. Pour Thierry Bodson, cela reviendrait à “nier la réalité politique wallonne”, qui incline effectivement à gauche. “Dire cela, c’est faire fi de l’Etat belge, c’est presque avancer vers le séparatisme, rétorque Philippe Godfroid. On parle bien ici d’un gouvernement fédéral. La Wallonie n’a pas à lui dicter ses choix. Cela ne va plaire ni aux Flamands ni aux Bruxellois.”

Même la franche sous-représentation francophone dans une telle alliance (20 députés sur 63) ne l’inquiète pas outre mesure “pour autant que l’on déclare clairement qu’on ne travaillera pas sur le communautaire et que les portefeuilles soient bien répartis entre ministres flamands et francophones”. C’était, selon lui, bien le cas dans la note de l’informateur Bart De Wever, qui était ciblée sur les priorités socio-économiques et laissait les thèmes institutionnels sur le côté. Quand Thierry Bodson fait part de son “étonnement de voir le patronat exprimer un a priori favorable pour un parti séparatiste et nationaliste”, il serait donc à côté de la plaque.

Pour soutenir la compétitivité des entreprises belges, qui s’est dégradée malgré le “gel” des salaires, l’UCM propose de réduire les dépenses publiques. Elles représentent aujourd’hui 55% du PIB, contre à peine 51% dans nos pays voisins. “Il y a donc de la marge pour réduire le coût de la machine administrative et de réinvestir l’argent dans des baisses de charges et des allègements fiscaux, conclut Philippe Godfroid. Nos voisins dépensent moins et je ne pense pas qu’ils aient une sécurité sociale dramatique ou que nos écoles et nos tribunaux soient meilleurs que chez eux…”

Le patron de l’UCM est convaincu que la réalité économique impose des réformes à brève échéance, sur le plan fiscal et parafiscal, mais aussi pour les pensions. “Refuser cela, c’est refuser de regarder la réalité en face et de préparer l’avenir de notre modèle social, conclut-il. Je suis étonné, à cet égard, de voir comment la FGTB a rejeté de manière très rapide et très catégorique les propositions de la commission des Pensions, pilotée par Frank Vandenbroucke. On voit bien aujourd’hui où se situent les conservateurs.”

Christophe De Caevel

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