La Fed, confiante, relève ses taux

Jerome Powell, le président de la Fed. © AFP

La Banque centrale américaine (Fed), réunie pour la première fois sous la houlette de Jerome Powell, a sans surprise relevé ses taux d’intérêt mercredi pour parer à la surchauffe d’une économie dopée par les mesures de l’administration Trump et qui devrait croître à un rythme plus rapide que prévu.

Le Comité monétaire (FOMC) a augmenté ses taux d’un quart de point de pourcentage pour les faire évoluer dans la fourchette de 1,50% à 1,75%, a-t-il indiqué sans mentionner dans ses attendus l’effet stimulant des réductions d’impôts.

Cette décision, prise à l’unanimité, était attendue par les marchés mais de nombreux économistes pensaient que la banque centrale allait augmenter ses prévisions de hausses pour le reste de l’année. Or les participants au Comité monétaire, bien que divisés, ne projettent toujours que deux relèvements de plus en 2018 après celui de mercredi. Pour 2019, il prévoient une accélération de la cadence à trois hausses au lieu de deux.

S’agissant des prévisions économiques, la Fed se montre plus optimiste. “Par rapport aux prévisions de décembre, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) est plus forte, le taux de chômage est plus bas et l’inflation est un peu plus haute”, a résumé Jerome Powell lors de sa première conférence de presse.

La Fed table sur une croissance de 2,7% cette année en glissement annuel, soit 0,2 point de plus que prévu en décembre, et de 2,4% (+0,3 point) l’an prochain.

Si cette progression venait à se confirmer, la croissance de l’économie américaine se rapprocherait un peu plus des attentes de l’administration Trump qui voudrait la porter durablement à 3%, voire davantage.

La Fed s’est gardée de commenter dans son communiqué l’ampleur du stimulus budgétaire promu par le président Donald Trump mais a pris acte du fait que “les perspectives économiques se sont renforcées ces derniers mois”.

Jerome Powell a lui-même évité de caractériser les réductions d’impôts (aux entreprises notamment) comme une relance pouvant conduire à la surchauffe mais il a assuré qu’elles devraient “encourager la productivité, les investissements et le taux de participation à l’emploi”.

Adoptée fin décembre, la réforme fiscale, qui équivaut à une diminution des recettes pour l’Etat de quelque 1.500 milliards de dollars sur dix ans, a abaissé le taux d’imposition des entreprises de 35% à 21% notamment. Une partie des ménages va également voir ses impôts diminuer, ce qui pourrait dynamiser la consommation, traditionnel moteur de la croissance de l’économie des Etats-Unis.

Et, depuis, l’administration a encore ajouté au pot 300 milliards de dollars de dépenses militaires sur deux ans, ce qui devrait encore stimuler l’économie.

Tensions commerciales évoquées

La Fed a laissé inchangée sa prévision pour l’inflation pour 2018 et 2019, à respectivement +1,9% et +2% et Jerome Powell a estimé qu’il n’y avait pas encore “d’accélération d’inflation”.

Sur le front du marché du travail, le FOMC s’est aussi montré plus optimiste avec un taux de chômage désormais attendu à 3,8% contre 3,9% estimé en décembre. Il devrait même reculer à 3,6% en 2019 (-0,3 point).

Pressé plusieurs fois de s’exprimer sur la politique commerciale de l’administration Trump et les velléités de mesures protectionnistes, M. Powell a adopté une attitude prudente.

Il a concédé que les menaces de tarifs douaniers contre les partenaires commerciaux des Etats-Unis avaient été évoquées par les participants à la réunion et qu’elles étaient vues comme “une sorte de risque” qui pouvait devenir “plus important”. Mais il a vite relevé que la Fed “ne faisait pas la politique commerciale”.

“Je ne peux pas être plus précis que cela”, a-t-il ajouté alors que son homologue de la banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi avait, lui, été récemment plus direct affirmant qu'”un virage vers le protectionnisme poserait un risque sérieux pour la croissance de la productivité et la croissance potentielle de l’économie mondiale”.

L’administration Trump a promulgué le 8 mars des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium suscitant une vague de protestations à travers le monde.

Interrogé sur l’indépendance de la Fed à terme, alors que les taux vont continuer à grimper progressivement au moment des élections de mi-mandat, le patron de la banque centrale choisi par Donald Trump a assuré que la Fed ne “tenait pas compte des élections”.

“Vous pouvez compter sur nous pour rester concentrés sur la tâche que le Congrès nous a confiée”, a-t-il affirmé, ajoutant que si les taux allaient atteindre “en effet un plus haut en dix ans, l’économie est aussi en meilleure santé qu’elle ne l’était avant la crise financière”.

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