Amid Faljaoui

La dette publique est devenue une sorte de ciment social

La coalition suédoise va sans doute donner le jour à un gouvernement d’ici peu de temps. Si c’est le cas, vous allez entendre parler de nouvelles mesures d’économies ou de taxation.

Des mesures qui seront justifiées par la nécessité de réduire notre dette publique qui dépasse les 400 milliards d’euros, 404 même pour être précis. D’où vient cette dette publique ?

La réponse à cette question est simple : cette dette publique, c’est la somme de tous les déficits financiers passés. Pour le dire en langage courant, c’est la somme de toutes nos lâchetés collectives durant des décennies. Car au fond, c’est quoi une dette pour un Etat. C’est un impôt qui n’a pas été levé. On peut donc voir notre dette publique comme la somme de tous les budgets déséquilibrés cumulés depuis des décennies !

Pourquoi les gouvernements précédents n’ont-ils pas osé réduire ces déficits en augmentant les impôts et/ou en réduisant certaines dépenses ? La réponse à cette excellente question, c’est bizarrement… la démocratie. Nous vivons, fort heureusement d’ailleurs, en démocratie, et en démocratie si on veut réduire une dépense ou augmenter un impôt, il faut discuter, se justifier, affronter des lobbys, convaincre l’opposition parlementaire sur le bien-fondé d’une taxe ou l’élimination d’une dépense publique. Or, discuter cela prend du temps, et cela pourrait montrer que telle ou telle mesure vise en réalité à favoriser tel groupe ou tel lobby plus actif qu’un autre ou plus proche des partis au gouvernement.

En Belgique, la dette publique est devenue une sorte de ciment social

Pour certains hommes politiques, le mieux est alors d’esquiver le débat et de recourir, en douce, au déficit financé par l’emprunt. Comme le disait la très pertinente Simone Wapler, la rédactrice en chef d’une lettre d’information boursière, la véritable origine de la dette publique, c’est donc d’abord un déficit de démocratie. Le déficit concerne tout le monde, alors que lever un impôt, par exemple, vous met en porte-à-faux à l’égard d’une partie de la population qui, bien entendu, se fait entendre par ses porte-paroles et essaie de bloquer la mesure par des grèves, par exemple. Comme chacun fait la même chose depuis des lustres, au final, tout le monde passe à la caisse, via la dette publique, qui est devenue – contre notre gré – une sorte de ciment social plus fort que l’ancien service militaire. Car à la dette publique personne ne peut échapper… pas même les générations à venir et qui n’y sont pour rien.

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