La course à la présidence de l’Eurogroupe est ouverte

Jeroen Dijsselbloem © Reuters

Les tractations entre les capitales européennes s’accélèrent à dix jours de l’élection du prochain président de l’Eurogroupe, dont le nom sera crucial pour la poursuite des réformes de la zone euro.

Elu pour deux ans et demi, le chef de l’Eurogroupe préside les réunions mensuelles des ministres des Finances des 19 pays ayant adopté la monnaie unique, dont l’objectif principal est d’assurer la coordination des politiques économiques nationales.

Il fait partie de ceux dont la voix compte à Bruxelles, aux côtés des présidents de trois grandes institutions de l’UE — Jean-Claude Juncker pour la Commission, Donald Tusk pour le Conseil, Antonio Tajani pour le Parlement — ou de la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Ce poste à responsabilité suscite les convoitises de toute l’Europe et de très nombreux candidats ont été pressentis ces dernières semaines.

“C’est très ouvert”, résume un haut responsable européen, qui rappelle le seul pré-requis a priori indispensable: être un ministre en exercice, ce qui exclut le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, qui aurait un temps aimé cumuler les deux fonctions.

Selon la procédure dévoilée par l’occupant actuel du fauteuil, le travailliste néerlandais Jeroen Dijsselbloem, contraint de quitter son gouvernement après un échec électoral, les ministres intéressés ont jusqu’au jeudi 30 novembre pour se déclarer. Leurs noms seront publiés le lendemain.

Marchandages

Ils devront envoyer une lettre de motivation, puis “présenter leurs priorités” le jour de l’élection, prévu le 4 décembre dans le cadre d’un Eurogroupe.

Le premier à remporter 10 voix sur les 19 l’emportera, mais il n’est pas impossible que les Européens s’entendent en amont sur un seul nom et s’épargnent l’élection.

Les candidatures seront examinées à l’aune de nombreux critères, de la nationalité à la couleur politique, en passant par l’expérience.

Nul doute que la présidence de l’Eurogroupe a également pesé dans la balance lors des marchandages en début de semaine ayant abouti à la relocalisation à Amsterdam et Paris de deux agences européennes contraintes de quitter Londres à cause du Brexit.

“Il faut quelqu’un qui ait de l’expérience car c’est un moment clé, avec des décisions compliquées à prendre”, explique-t-on au ministère français des Finances.

Un temps pressenti, le Français Bruno Le Maire — qui “passe beaucoup de coups de fil actuellement” — ne sera pas candidat, notamment car il souhaite défendre les positions de son président Emmanuel Macron sur la réforme de la zone euro sans devoir jouer les médiateurs.

Les deux seuls ministres ouvertement intéressés, le libéral luxembourgeois Pierre Gramegna et le social-démocrate slovaque Peter Kazimir, semblent aujourd’hui en retrait.

Dijsselbloem prolongé ?

Outre l’Autrichien Hans Jörg Schelling, l’Espagnol Luis de Guindos — postulant malheureux il y a deux ans et demi face à Jeroen Dijsselbloem — bénéficie de nombreux soutiens à droite et fait figure de candidat sérieux, mais il répète à l’envi ne pas être intéressé.

Son ancrage politique pourrait aussi être un problème, trois des cinq grands postes de l’UE étant déjà occupés par des personnalités de droite.

“Les socialistes considèrent que la présidence de l’Eurogroupe est toujours leur poste”, explique une source diplomatique.

Deux noms ressortent à gauche: l’Italien Pier Carlo Padoan et le Portugais Mario Centeno.

Le premier a pour lui son expérience, mais l’énorme dette italienne, l’approche des élections dans son pays et la présence de plusieurs de ses compatriotes à des postes européens importants compliquent sa candidature.

Le second semble remplir les critères et bénéficie selon une source européenne du soutien du président de la Commission Jean-Claude Juncker. L’état des finances portugaises et le faible poids politique des socialistes à l’Eurogroupe pourraient cependant jouer en sa défaveur.

Une autre option, évoquée par certaines sources, consisterait à reconduire M. Dijsselbloem pour “six mois ou un an, le temps d’avancer” sur les réformes de la zone euro, notamment l’idée d’un super ministre européen des Finances, à la fois vice-président de la Commission et président de l’Eurogroupe.

L’intéressé, qui n’est plus ministre aujourd’hui, vient d’annoncer qu’il quittait “la politique néerlandaise”.

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