La Belgique, un pays riche mais un état pauvre

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Alors que le patrimoine financier des Belges continue d’enfler, voilà que la dette du pays repasse, elle, au-dessus des 100 % du PIB.

Selon les chiffres de la Banque nationale publiés à la veille du week-end pascal, le patrimoine financier net des Belges (actifs financiers – engagements financiers) s’est accru de 19 milliards d’euros au quatrième trimestre de l’année écoulée, essentiellement sous l’effet de l’évolution favorable des marchés boursiers. Au 31 décembre 2013, il atteignait 864,5 milliards d’euros (hors patrimoine immobilier). Soit en moyenne environ 78.500 euros par habitant (et plus de 150.000 euros par ménage).

D’un autre côté, malgré tous les efforts budgétaires entrepris par le gouvernement Di Rupo, “notre” dette publique ne diminue pas. Selon les chiffres rendus publics par l’Institut des comptes nationaux, également vendredi dernier, elle reste même supérieure à 100 % du PIB. Fin 2013, la dette belge s’établissait à 387 milliards d’euros, soit 101,5 % de la richesse annuelle produite par le plat pays. Un niveau d’endettement légèrement supérieur à ce qu’il était en 2012. La dette représentait alors 101,1 % du PIB, contre 99,2 % en 2011 et (seulement) 96,6 % en 2010.

Dette cachée Fin de l’année dernière, le gouvernement fédéral se félicitait pourtant de la trajectoire suivie par la dette belge, rappelant l’importance qu’il y avait à la maintenir en dessous du seuil des 100 % du PIB. Pour respecter ses engagements vis-à-vis de l’Europe, il avait même revendu l’an dernier ses participations dans Fortis Banque et Royal Park Investments. Hélas, cela n’aura pas suffi. En cause ? Les nouvelles règles comptables européennes, qui élargissent le périmètre de ce qui est pris en considération pour le calcul de la dette. Ce qui, entre autres, dope la dette wallonne dans la mesure où divers organismes publics comme la SRIW sont désormais intégrés dans le périmètre de consolidation régional. “Il ne faut toutefois pas s’en prendre à ces nouvelles règles comptables, estime Etienne de Callataÿ, chief economist à la Banque Degroof. Elles ne sont que la réponse à des stratégies d’embellissement des comptes publics qui aboutissaient à sous-estimer l’ampleur de la dette. Auparavant, certains profitaient de cette définition étroite du périmètre pour réaliser des opérations qui échappaient à la mesure de la dette.”

Par ailleurs, ajoute l’économiste, il est regrettable de voir la Commission européenne se focaliser sur cette barre soi-disant symbolique des 100 % du PIB : “En soi, ce chiffre ne signifie rien. Ce qui compte, c’est la qualité de la gestion des finances publiques et non pas le niveau d’une dette au 31 décembre d’une année donnée. La meilleure preuve en est que les taux d’intérêt belges n’ont pas été affectés par cette observation récente d’une dette légèrement supérieure à 100 % du PIB. Il n’y a pas de dette légèrement supérieure à 100 % qui donnerait des taux punitifs et une dette légèrement inférieure à 100 % qui se traduirait par des taux complaisants.”

SÉBASTIEN BURON

387 MILLIARDS D’EUROS C’est le montant de la dette belge fin 2013, soit 101,5 % de la richesse annuelle produite par le plat pays.

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