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La 3e place des Diables, on la doit à… Jean-Marc Bosman. Un joueur des années 90!

Comment expliquer que durant la Coupe du monde, les petits pays aient leur chance? On l’a vu avec la Belgique et la Croatie, par exemple, alors qu’au niveau des clubs professionnels, c’est l’inégalité la plus complète. Amid Faljaoui, notre chroniqueur éco, qui n’est pourtant pas un spécialiste du foot, nous en donne la raison qui est… juridique!

Le monde entier le sait maintenant : tout en étant un petit pays de 11 millions d’habitants, la Belgique s’est hissée à la troisième place de la dernière Coupe du monde de football.

Question pub, difficile de faire mieux. La Belgique n’a plié que devant la France, pays plus grand, plus riche et six fois plus peuplé. Mais par ailleurs, la même Belgique a réussi l’exploit d’éliminer le Brésil, un géant économique et démographique avec une population de 200 millions d’habitants.

Et si on regarde les finalistes de cette Coupe du monde, on voit que la Croatie, pays encore plus petit que la Belgique avec 4 millions d’habitants, a réussi un résultat tout aussi fantastique.

Mes confrères du journal Le Monde se sont posé la question de savoir comment expliquer ces résultats ? Comment dire après cela que le football n’est pas un sport qui donne sa chance à tout le monde, pour les petits comme pour les grands ?

Mais reste surtout à expliquer cette démocratie au niveau des nations alors qu’entre les clubs professionnels, c’est l’inégalité la plus complète.

Après tout, la Belgique (pas plus que la Croatie) n’a pas de club de haut niveau. Le Monde remarque que le plus titré des clubs belges, celui d’Anderlecht, a quitté depuis longtemps le sommet européen et un seul de ses joueurs a évolué dans la sélection belge qui a affronté la France lors de la dernière Coupe du monde.

Alors, comment expliquer l’inégalité qui existe au sein des clubs et l’égalité qui existe au sein des nations ? La réponse tient selon Branko Milanovic, un économiste qui s’est penché sur ce sujet, à un arrêt.

Le fameux arrêt Bosman de la cour de justice européenne de 1995. Avant cette date, la plupart des joueurs exerçaient leurs talents dans un club national qui ne pouvait recruter que 2 ou 3 joueurs internationaux.

En clair, “les petits clubs comme les gros pouvaient se servir dans un vivier limité et la qualité des équipes était donc assez proche” selon Le Monde.

Mais depuis la publication de cet arrêt de la cour de justice européenne, les clubs peuvent recruter autant de joueurs étrangers qu’ils le souhaitent.

Et voilà comment cet arrêt Bosman couplé avec la hausse des droits de retransmission à la télévision, a permis aux salaires des meilleurs joueurs d’exploser.

Voilà aussi pourquoi aujourd’hui, les clubs les plus riches attirent les joueurs les plus doués. L’arrêt Bosman a servi en quelque sorte de point de départ de la véritable mondialisation du foot.

C’est l’inégalité absolue du football professionnel qui nourrit l’égalité étonnante de la Coupe du Monde.

En effet, cette libre circulation des joueurs a permis aux plus talentueux de circuler librement et de s’enrichir au passage. Au final, l’arrêt Bosman explique pourquoi les clubs les plus riches sont toujours au top des classements.

Sauf au niveau de la Coupe du monde où cette règle n’est pas nécessairement respectée. La raison ? Parce que les règles du jeu n’ont pas changé au niveau de la Coupe du monde : un joueur doit détenir la nationalité du pays pour lequel il joue !

Mieux encore: il ne peut pas avoir joué pour un autre pays avant cela. Motif ? Eviter au maximum les naturalisations de complaisance. Le résultat est visible : pour l’équipe Belge, 13 joueurs sur 23 évoluent dans des clubs britanniques !

Au final, notre magnifique petit pays peut faire évoluer des stars du foot international sans devoir les payer des sommes astronomiques. Pas mal, non ?

Le Monde a raison de souligner que ce système de la Coupe du monde imposant d’avoir la nationalité du pays devient très avantageux pour les petits pays, car il permet à ses joueurs nationaux de se perfectionner auprès des meilleurs du monde au lieu de rester au pays d’origine.

Bref, c’est la mondialisation économique au service de la nation. Et la leçon finale de cette Coupe du monde est assez simple même si elle n’apparait pas au premier coup d’oeil : c’est l’inégalité absolue du football professionnel qui nourrit l’égalité étonnante de la Coupe du Monde (streamer).

Le seul bémol, c’est que cela condamne un petit pays comme la Belgique à ne vibrer qu’une fois tous les 4 ans, indique Le Monde. Mais bon, on ne va pas bouder notre plaisir avec cette 3ème place largement méritée qui a permis de faire renaître un peu de fibre nationale.

Ah oui, j’allais oublier : l’arrêt Bosman, tire son nom de ce joueur belge du RFC Liège, Jean-Marc Bosman. C’est lui qui avait saisi la cour de justice européenne car son club s’était opposé à son souhait de rejoindre Dunkerque en D2 française. Comme quoi le foot moderne, avec ses joies et ses excès, doit tout à un Belge !

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