L’UE soupçonne les constructeurs automobiles de nouvelles manipulations d’émissions

© BELGA/Dirk Waem

La Commission européenne soupçonne des constructeurs automobiles d’avoir mis en place une nouvelle tricherie leur permettant d’influencer en leur faveur les futures normes communes de réduction d’émissions polluantes, selon un rapport consulté mercredi par l’AFP.

“Des preuves émergent que les valeurs (d’émissions polluantes) déclarées officiellement par les constructeurs ont pu être gonflées”, note la Commission européenne dans un document de recherche transmis à l’AFP par l’ICCT (Conseil international pour des transports propres), l’ONG à l’origine des révélations sur le dieselgate. Dans ce nouveau volet possible du scandale qui entache l’industrie automobile depuis 2015, les constructeurs ne chercheraient plus cette fois-ci à réduire frauduleusement leurs émissions, mais au contraire à les augmenter.

Alors que des nouvelles mesures harmonisées au plan mondial, dites “WLPT”, sont effectuées sur les futurs voitures et utilitaires, les constructeurs profiteraient d’un changement de méthodologie et du passage à une nouvelle norme pour gonfler leurs taux d’émissions : si ces véhicules sont dès le départ plus polluants, les normes à venir seront calculées de manière plus accommodantes, auraient-ils raisonné.

Deux commissaires européens Miguel Canete, en charge des actions sur le climat et de l’énergie Elzbieta Bienkowska, en charge de l’Industrie, ont alerté l’Autriche, actuellement présidente de l’UE et la Commission dans une lettre publiée sur Twitter, mais sans jamais nommer de marque en particulier. L’UE a lancé en septembre 2017 dans le cadre de son paquet “Mobilité propre”, un objectif commun de réduction des émissions de CO2, de 30% d’ici 2030, avec un objectif intermédiaire de -15% en 2025. “Ces véhicules tests, une fois approuvés, seront mis sur le marché et immatriculés en 2020 et sans intervention cela conduira à une hausse des objectifs WLTP de 2021”, indique le rapport européen.

Les deux commissaires européens ayant lancé l’alerte disent redouter que ces taux faussés modifient par ricochet les objectifs qui seront fixés pour 2025, puis 2030. Le rapport encourage la Commission à ne plus baser ses calculs sur les valeurs déclarées par les constructeurs, mais sur les valeurs mesurées. Interrogés par l’AFP, le constructeur allemand BMW a assuré “faire tout son possible” pour parvenir à l’objectif ambitieux fixé par l’UE tout en assurant se conformer aux outils de mesures réglementaires. De son côté, le français PSA assure effectuer ces mesures en “toute transparence” sous le contrôle d’organismes tiers indépendants.

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