L’Irlande, entre “faillite” et “reddition”

© Reuters

En faillite, l’Irlande ? Pour la presse locale, c’est clair : le gouvernement irlandais a “capitulé” face à l’UE et au FMI, admettant ainsi sa “responsabilité” dans cette “fin apportée à 90 ans d’indépendance”. L’Irish Times, notamment, appelle à la démission de ce gouvernement très impopulaire.

L’Irlande “n’est pas en faillite”, a assuré lundi Brian Lenihan, ministre irlandais des Finances, après l’acceptation par l’Union européenne et le FMI d’une aide pouvant atteindre jusqu’à 90 milliards d’euros. “Ces dernières années, notre marge de manoeuvre (pour emprunter sur le marché international) a été sévèrement réduite”, a-t-il cependant ajouté, sur les ondes de la radio publique RTE, pour expliquer pourquoi Dublin avait demandé dimanche soir un vaste plan d’aide à l’UE et au FMI.

Ce plan, accepté par les instances internationales, pourrait atteindre jusqu’à 90 milliards d’euros, selon des sources diplomatiques, mais un montant précis reste à déterminer au cours des négociations qui se poursuivent à Dublin avec les experts de l’UE et du FMI.

“Nous n’allons pas auprès du FMI dans une position où nous serions en faillite, nous n’allons pas au FMI sans réserves !”, a renchéri le ministre. Brian Lenihan a assuré que l’UE et le FMI ne contrôleraient pas les finances du pays : “Il est vrai que nous avons accepté une évaluation annuelle” du plan, mais “je suis tout a fait convaincu que le prochain budget (dont la présentation est prévue le 7 décembre) sera le nôtre”.

Les experts de l’UE et du FMI, en mission à Dublin depuis jeudi, sont “globalement satisfaits” avec le plan de rigueur que le gouvernement irlandais annoncera mercredi. Ces nouvelles mesures d’austérité prévoient 15 milliards d’euros d’économies d’ici à 2014 afin de ramener à 3 % du PIB le déficit public, qui est actuellement de 32 %.

Plan de sauvetage : la presse irlandaise dénonce une “reddition”

L’Irlande a signé sa “reddition” à l’Union européenne et au Fonds monétaire international, a estimé lundi la presse de l’île, prédisant la chute imminente du gouvernement “responsable de la faillite”.

“Après deux semaines de mensonges flagrants, (le gouvernement) va mendier à Bruxelles, après la faillite du pays provoquée par ses politiques, écrit l’Irish Sun. Des bureaucrates non élus vont dorénavant gérer nos affaires. Cependant, il nous reste un pouvoir : celui de sanctionner ceux qui sont responsables d’avoir détruit notre nation. Le FMI et l’UE sauveront notre économie. Nous seuls pouvons sauver notre nation.”

Titrant sur “une reddition éhontée”, l’Irish Daily Mail dénonce une “capitulation sans précédent”, estimant que le gouvernement avait “mis fin à 90 ans d’indépendance” et que “le drapeau blanc avait été hissé”.

A l’instar de l’ensemble de la presse, l’Irish Times appelle à la démission du gouvernement, très impopulaire : “Des élections anticipées sont nécessaires afin de mettre fin à cette ignominie. La coalition (au pouvoir) ne durera certainement pas jusqu’au printemps.”

L’Irish Independent se félicite qu'”enfin, quelqu’un contrôle ce pays. Malheureusement, ce quelqu’un est représenté par des équipes de l’UE, du FMI et de la BCE. Leur présence montre l’échec de la gestion de nos propres affaires. En clair, nous sommes en faillite.”

Moody’s abaissera probablement “de plusieurs crans” la note de l’Irlande

Moody’s a indiqué lundi qu’elle allait probablement abaisser “de plusieurs crans” la note souveraine de l’Irlande, en raison du poids de sa dette publique mais aussi des incertitudes économiques nourries par les mesures d’austérité à venir.

“Une dégradation de plusieurs crans (…) est désormais probable à l’issue de notre examen de la dette souveraine” irlandaise, écrit l’agence de notation dans une étude publiée sur son site Internet. Elle explique cette décision par de nouvelles injections de liquidités aux banques locales, qui devraient faire exploser la dette de l’île. A cela s’ajoutent des incertitudes économiques nourries par les mesures d’austérité à venir.

Début octobre, Moody’s avait annoncé qu’elle examinait la note de l’île et qu’elle pourrait abaisser celle-ci d’un cran au terme de cette évaluation, censée durer trois mois. La note à long terme de l’Irlande est actuellement de “Aa2”, la troisième meilleure possible dans sa classification.

Moody’s n’avait pas exclu un mouvement plus important si elle devait conclure qu’une stabilisation du ratio dette/PIB dans les trois à cinq prochaines années s’avérait peu probable.

Trends.be, avec Belga

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