L’Irlande cherche reprise désespérément

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De plan d’austérité en plan d’austérité, l’ex-Tigre baltique attend toujours la reprise. En vain.

De plan d’austérité en plan d’austérité, l’ex-Tigre baltique attend toujours la reprise. En vain.

L’économie irlandaise reste depuis deux ans enfoncée dans la récession. Le PIB du pays a encore reculé au quatrième trimestre 2009, de -2,3% par rapport au trimestre précédent et de 5,1% sur un an. Au final l’activité s’est contractée de 7,1% l’an passé. Le taux de chômage touche désormais 13,4% de la population active. En tout, le nombre de chômeurs a grimpé de 17,9% sur les douze derniers mois. L’ex-Tigre celtique reste l’un des Etats les plus mal en point du Vieux Continent.

Pourtant, en dépit de cette crise économique dramatique, l’Irlande a jusqu’ici échappé à une tourmente politico-financière similaire à celle qui secoue la Grèce depuis l’automne dernier. Comment ? Tout simplement parce que le gouvernement irlandais, au lieu de chercher à masquer l’ampleur de ses difficultés par des manoeuvres comptables, a commencé dès 2008 à adopter des mesures de rigueur pour contenir l’envolée de son déficit public. En 2009, le gouvernement a ainsi mis en place deux plans d’austérité successifs, de 3 et 4 milliards d’euros, qui devraient permettre de stabiliser le déficit public à 11,6% du PIB cette année, après 11,7% en 2009.

Parmi un catalogue de mesures très impopulaires, il a imposé une baisse générale des allocations, et une réduction de 5 à 15% des salaires des fonctionnaires. Le Premier ministre Brian Cowen a donné l’exemple en réduisant de 15% sa paye et celle de ses ministres. De plus, la dette publique irlandaise est bien plus faible que celle des autres “PIIGS” (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne), les membres de la zone euro considérés comme les plus fragiles. D’après les dernières données officielles, elle s’élevait à 64,5% du PIB fin 2009, un niveau inférieur à celui la France ou à l’Allemagne, ainsi qu’à la moyenne de l’Union européenne.

Pas touche à l’impôt sur les sociétés

Et pour le secteur bancaire qui a vécu un véritable “big bang”, le gouvernement a dévoilé un plan de sauvetage qui devrait lui donner le contrôle total ou partiel de cinq des plus grandes banques du pays, via l’injection de milliards d’euros de capitaux publics. Objectif : après avoir stabilisé les finances publiques, avancer vers l’étape finale de la stabilisation du système bancaire. Ce plan de sauvetage massif a été précipité par la mise en place de la National Asset Management Agency (NAMA), la banque de défaisance (ou “bad bank”) créée par Dublin pour délester les principaux groupes bancaires irlandais de leurs actifs pourris, c’est-à-dire des prêts risqués accumulés avant la crise du crédit.

La NAMA va acheter aux cinq banques visées par le plan de sauvetage gouvernemental un premier bloc de prêts toxiques, d’une valeur nominale de 16 milliards d’euros, avec une décote énorme (47% en moyenne), sur un montant total de 81 milliards prévus d’ici à début 2011. Or, cet énorme rabais (bien supérieur à la décote de 30% envisagée à l’automne dernier) va obliger les banques concernées à passer d’énormes pertes dans leurs comptes, d’où la nécessité urgente de renforcer leurs fonds propres, avec l’aide de l’Etat. En tout, les banques concernées par le transfert des prêts à la NAMA devraient avoir besoin de lever autour de 32 milliards d’euros, pour respecter les exigences de la Banque centrale irlandaise en matière de fonds propres.

Mais pour bon nombre d’experts, ces plans d’austérité sont un mal nécessaire pour sauver la compétitivité, mise à mal par la hausse des impôts et renouer ainsi avec la croissance. Car la compétitivité, c’est le nerf de la guerre pour cette petite économie, qui a besoin de rester ouverte. C’est pour cette raison d’ailleurs que le gouvernement, qui mise toujours sur les investisseurs étrangers, s’est bien gardé de toucher à l’impôt sur les sociétés, le plus attractif d’Europe.

Danièle Licata, Centre de Prévision de L’Expansion

Trends.be, L’Expansion.com

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