L’épargne des Belges courtisée de toutes parts

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Les milliards qui sommeillent en banque pourraient financer les entreprises n’ayant plus accès au crédit, suggère le secteur financier. Ainsi que les grands projets d’infrastructure.

L’épargne qui sommeille sur les comptes d’épargne belges aiguise décidément bien des appétits. Il faut dire que la somme est plutôt grassouillette : plus de 229 milliards d’euros. Livret B ou Vert, depuis des mois, le Parlement médite sur la façon de réorienter cette masse pécuniaire vers le financement des PME ou des ménages – l’économie réelle, entend-on souvent. Le gouvernement fédéral n’est pas en reste. La semaine dernière, Laurette Onkelinx (PS) estimait que les bons d’Etat devraient, dans les 10 ans, capter 5 % du bas de laine des Belges, contre 1 % actuellement. Joëlle Milquet (cdH) allait plus loin, suggérant la création de bons d’Etat thématiques voués à l’investissement dans la recherche, les énergies renouvelables ou encore la création d’infrastructures telles qu’écoles et hôpitaux.

Une réflexion entamée, il y a trois ou quatre mois de cela, au sein de Febelfin, la fédération belge du secteur financier. “Tout est parti de préoccupations, raconte Michel Vermaerke, son administrateur délégué. A cause de la chute de confiance dans le chef des entreprises, la demande de crédits a baissé d’environ 10 % depuis le deuxième trimestre 2012. Enfin, tant au niveau fédéral que régional, de nombreux projets ont besoin d’un financement à long terme, de plus en plus difficile à assurer via le crédit traditionnel, vu les règles imposées par les accords de Bâle III. Ecoles, hôpitaux ou routes : autant d’infrastructures qui demandent des investissements, pas évidents à réaliser dans un contexte de rigueur budgétaire.”

Le crédit ne s’est pas tari

L’idée mitonnée par Febelfin : la création d’un fonds servant à financer les entreprises n’ayant pas ou plus accès au crédit bancaire. Pas que ce dernier se soit tari, insiste le secteur. Au contraire. Fin mars 2012, l’encours des crédits atteignait un niveau historique, dépassant les 130 milliards d’euros, dont 41,53 % à destination de petites entreprises et 17,63 % pour les sociétés de taille moyenne. “Cela en énerve peut-être certains, mais la production de crédit ne s’est pas asséchée, insiste Michel Vermaerke. Ce n’est pas pour autant qu’il faut se montrer aveugle et ne pas reconnaître que certains secteurs éprouvent des difficultés, les starters en tête.” Autre suggestion : pour un certain nombre de grands projets, l’émission de bons de caisse spécifiques, des projects bunds. “Aux autorités publiques de d’identifier les priorités.” D’où cet appel du pied aux gouvernements fédéral et régionaux. Mini polémique à la clef, le Wallon Rudy Demotte (PS), estimant ne pas avoir été convié, ce que dément Febelfin, qui réitère son invitation. “Nous sommes prêts à agir et à lancer la concertation avec le politique, afin d’oeuvrer à la relance.”

Benoît Mathieu

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