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L’arme subtile des États pour faire payer les épargnants, les banques et les assureurs

À force de parler uniquement des manquements de la Grèce, on en arriverait presque à oublier que les autres Etats super-endettés camouflent aussi leurs difficultés de manière plus subtile.

En réalité, la plupart des Etats de la zone euro sont super-endettés et comme beaucoup d’entre eux sont incapables de réduire cette dette publique par eux-mêmes, ils ont imaginé des tas de stratagèmes pour pouvoir financer cette dette colossale à très bon prix. C’est ce que les économistes appellent la “répression financière”.

Comment la ‘répression financière’ des États ne laisse aux épargnants que leurs yeux pour pleurer

La première étape (1) de cette stratégie de “répression financière” a consisté à modifier la réglementation des banques et des assureurs. Pour les banques, cette réglementation nouvelle s’appelle Bâle 3 du nom de la ville suisse. Et pour les assureurs, cette réglementation s’appelle Solvabilité 2. Le but de ces réglementations vise à favoriser l’achat de la dette publique par ces banques et ces assureurs. Autrement dit, quand une banque ou un assureur achète de la dette d’Etat, du moins d’un Etat jugé solvable, ces mêmes banques et ces mêmes assureurs ne doivent pas geler des liquidités en contrepartie. Alors que si ces banques, par exemple, font des prêts immobiliers ou achètent des actions, elles doivent geler une partie de leurs liquidités en contrepartie. C’est une manière claire de favoriser les prêts à l’Etat au détriment des autres acteurs économiques, donc de financer nos Etats de manière automatique et donc de détourner l’argent ou l’épargne disponible en priorité vers le financement de nos Etats super-endettés. Et comme en plus, les taux d’intérêt sont maintenus artificiellement proches de 0%, l’Etat est gagnant pendant que l’épargnant, lui, n’a plus que ses yeux pour pleurer, vu que son épargne ne rapporte rien.

Dans ces conditions, le réassureur Swiss Re (1) a calculé ce que les compagnies d’assurance américaines et européennes ont perdu avec cette baisse artificielle des taux d’intérêt: la perte en revenus d’intérêt s’élève à 400 milliards de dollars. C’est donc, une forme de taxe qui ne dit pas son nom. Et c’est autant d’argent perdu à la fois par les épargnants et les compagnies d’assurance au seul profit des Etats.

Je résume: pour inciter les citoyens à consommer ou à acheter des actions, les Etats de la zone euro, mais pas seulement eux, imposent des taux d’intérêts proche de 0% et facilitent aussi le financement de la dette publique de ces mêmes Etats. Et pour bien s’assurer que cette dette sera financée en priorité, ces Etats forcent, via une nouvelle réglementation, les banques et les assureurs à acheter en priorité cette dette publique. En clair, l’Etat dit aux banques: je vous ai sauvé de la faillite, maintenant, je vous force à me financer à du quasi 0%. Voilà ce que les économistes appellent la “répression financière” et qui est nettement plus subtil que les coups de gueule à l’égard de la Grèce.

(1)Lire l’analyse lumineuse de Contrepoints

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