L’Allemagne rejette la demande grecque: “Ce n’est pas une proposition substantielle”

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, et son homologue grec, Yanis Varoufakis. © AFP

Le ministère des Finances allemand a rejeté jeudi la demande déposée par la Grèce d’extension de l’aide de ses partenaires européens, estimant qu’elle ne représentait “pas une solution substantielle” et ne répondait pas aux critères fixés par la zone euro.

“La lettre en provenance d’Athènes n’est pas une proposition substantielle de solution”, a commenté Martin Jäger, porte-parole de Wolfgang Schäuble, ministre des Finances, dans un bref communiqué. “En vérité, elle vise à obtenir un financement-relais, sans remplir les exigences du programme. Le courrier ne remplit pas les critères définis lundi par l’Eurogroupe”, a -t-il poursuivi.

Athènes s’est adressé aux ministres des Finances de la zone euro jeudi pour obtenir un prolongement de six mois du soutien financier de ses partenaires, et en prenant un certain nombre d’engagements. Le gouvernement grec refuse toutefois de se plier au “memorandum” qui est associé au programme d’aide, et prescrit au pays de rigoureuses mesures d’austérité.

Dès mercredi, Berlin avait jugé qu’aides et réformes étaient indissociables, et insisté sur cinq conditions que devrait remplir la demande grecque pour satisfaire la zone euro.

Parmi elles figurent l’engagement à ne pas détricoter les réformes déjà engagées, à ne pas mettre sur les rails de nouvelles qui pèseraient sur les finances publiques grecques, ou encore un engagement d’Athènes à rembourser tous ses créanciers. Les pays de l’union monétaire se sont entendus sur ces conditions lundi à Bruxelles.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s’est montré jeudi nettement plus conciliant que l’Allemagne, estimant que la lettre d’Athènes était un signal “positif” qui ouvrait “la voie à un compromis”.

Le programme en cours expire le 28 février, et l’Etat grec risque sans ce soutien financier de se retrouver en cessation de paiement.

La Grèce promet “l’équilibre budgétaire”, mais rejette l’austérité

Le gouvernement grec a proposé à Bruxelles une prolongation de six mois de “l’accord de prêt” européen qui n’inclut pas la prorogation du “mémorandum” en cours, synonyme d’austérité, mais s’engage durant cette période à “l’équilibre budgétaire”, a indiqué jeudi une source gouvernementale.

Le président de la Commission européenne considère le document envoyé comme “un premier signe positif”, a indiqué le porte-parole de la Commission.

Le gouvernement d’Alexis Tsipras, “en ligne avec ses promesses, n’a pas demandé la prolongation du mémorandum”, ce programme d’aide en vigueur depuis 2010, mais une extension de “l’accord de prêt” européen via un “accord-relais de six mois durant lesquels il s’engage à l’équilibre budgétaire”, a précisé cette source.

Dans le même temps, la proposition d’Athènes garantit à ses partenaires européens “des réformes immédiates contre l’évasion fiscale et la corruption”, et parallèlement des mesures “pour affronter la crise humanitaire et relancer l’économie”.

Cet accord a pour but de donner du temps au gouvernement pour présenter à la zone euro un “nouveau contrat pour la reprise et la croissance” sur la période 2015-2019, qui inclura un plan de “réduction de la dette, comme le prévoyait la décision de 2012” des ministres des Finances européens, poursuit cette source.

L’ensemble de la requête a été envoyée jeudi matin au président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

“Il s’agit d’un premier signe positif” qui permettrait d’arriver à un compromis, a salué la Commission européenne jeudi midi. “Le but du président Jean-claude Juncker est de faciliter un accord à 19” partenaires de l’Eurogroupe, a précisé le porte-parole de la Commission Margaritis Schinas, qui a refusé de faire plus de commentaire sur le contenu du document avant la réunion, vendredi après-midi, des ministres des Finances de la zone euro.

Les responsables de la zone euro vont devoir se pencher sur le contenu précis et chiffré de cette proposition pour déterminer si elle est en ligne avec leurs exigences et notamment celle de l’Allemagne qui n’a cessé d’insister sur l’achèvement du plan d’aide en cours et du dernier paquet de réformes et mesures de rigueur.

Extension de six mois de l’accord du prêt

Le gouvernement grec d’Alexis Tsipras a transmis jeudi à Bruxelles sa demande d’extension de six mois de l’accord du prêt européen en cours, destinée à assurer le financement à court terme du pays avant de bâtir un programme complet de réformes, a-t-on indiqué de source gouvernementale.

“La demande a été envoyée”, a indiqué cette source, sans préciser le contenu précis de la requête qui sera examinée dans l’après-midi par les partenaires européens de la Grèce toujours réticents à accepter que le gouvernement Tsipras s’affranchisse des mesures d’austérité du programme en cours.

La zone euro, via le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, a confirmé avoir reçu la lettre demandant “une extension de six mois”, c’est à dire jusque fin août.

Selon les dernières déclarations de l’exécutif grec, la proposition d’Athènes ne devait pas inclure la dernière série de mesures d’austérité du “mémorandum” (programme d’aide) en cours d’achèvement qu’Athènes refuse de mettre en oeuvre, comme une hausse de la TVA ou un assouplissement du droit du travail.

Mais elle devait être écrite “de telle manière qu’elle conviendra à la partie grecque et à la direction de l’Eurogroupe”, selon les propos mercredi soir du ministre des Finances Yanis Varoufakis.

Bruxelles avait donné au gouvernement d’Alexis Tsipras jusqu’à vendredi pour solliciter la poursuite du programme d’aide arrivant à échéance le 28 février, et Berlin a réaffirmé que cette prolongation était indissociable de la mise en oeuvre des réformes prévues par le plan en cours depuis 2010.

Or, la Grèce continue de différencier la prorogation de l’accord de prêts européens de celle des mesures de rigueur qui l’accompagnent, que le gouvernement Tsipras souhaite remettre en cause.

Nouvelle réunion de l’Eurogroupe vendredi à Bruxelles

Une réunion de hauts fonctionnaires de la zone euro, un Euro Working Group, se tient jeudi pour examiner la demande grecque.

Les ministres des Finances de la zone euro se retrouveront une nouvelle fois à Bruxelles, vendredi à partir de 15h00, a confirmé jeudi le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem sur Twitter.

La réunion de vendredi sera la troisième en un peu plus d’une semaine. Les deux premières, mercredi 11 février et lundi 16 février, se sont terminées sans accord entre Athènes et ses partenaires.

La bourse Athènes poursuivait jeudi, comme mercredi, son évolution à la hausse.

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