Indexation des salaires: schizophrène, la BNB?

© Image Globe/Dirk Waem

Les 7 “alternatives” à l’indexation automatique des salaires, proposées par la Banque nationale, a provoqué la colère du PS et de la FGTB, qui dénoncent la “schizophrénie” de la BNB et pointent le risque de faire “sauter la paix sociale”.

Indexation des salaires : la BNB présente des hypothèses “pour alimenter le débat”

La Banque nationale Belgique a présenté jeudi une vaste étude sur l’indexation en Belgique dans laquelle figurent des pistes en vue d’une éventuelle réforme du système d’indexation automatique des salaires. “Il s’agit d’objectiver et d’alimenter le débat”, a indiqué Luc Coene, gouverneur de la BNB, renvoyant in fine la balle aux partenaires sociaux et au gouvernement.

L’étude, lancée en février 2011 par le précédent gouverneur Guy Quaden, propose sept “alternatives” au système actuel d’indexation automatique des salaires basée sur l’inde santé et analyse les avantages et inconvénients de ces alternatives.

Les scénarii envisagés sont notamment :

– une exclusion des produits énergétiques de l’indice-santé,

– une indexation calculée en centimes plutôt qu’en pourcentage,

– des accords “all in”,

– le remplacement de l’indice-santé par une valeur fixe.

La BNB ne se prononce toutefois pas en faveur d’une hypothèse en particulier, a assuré Luc Coene : “Ce n’est pas à la BNB qu’il revient de prendre des décisions politiques en la matière. Notre premier objectif est d’alimenter le débat qui, de toute manière, devra se tenir.”

Le gouverneur a toutefois souligné l’importance de “prévenir plutôt que de guérir”, et le fait que l’on se trouve actuellement dans un moment d’accalmie de l’inflation, propice pour préparer l’économie belge à affronter les chocs futurs. “Il ne faut pas se faire d’illusion : lorsque la reprise sera là, les prix des matières premières augmenteront et nous serons à nouveau confrontés à des problèmes.”

“La schizophrénie de la BNB menace la paix sociale”, avertit le PS

Le PS a regretté jeudi la “schizophrénie” de la Banque nationale de Belgique qui, selon lui, met en danger la paix sociale. Aux yeux des socialistes francophones, les recommandations de la Banque sont “totalement disproportionnées”.

Le PS se dit interpellé par ce qu’il qualifie de décalage “flagrant” entre des constats jugés positifs de la BNB sur l’état de l’économie belge et les recommandations “drastiques” qu’elle formule. Ces constats prouvent que le travail du gouvernement, notamment sur la maîtrise des prix, est efficace, estiment les socialistes qui s’interrogent dès lors sur la disproportion des recommandations formulées par la BNB.

“La meilleure réponse à apporter aux travailleurs et aux entreprises est de soutenir la relance économique et non de s’attaquer brutalement au pouvoir d’achat par une remise en cause de l’indexation”, a souligné Thierry Giet, président du PS.

Le rapport de la BNB n’apporte donc rien de neuf au débat, si ce n’est le risque de mettre à mal le meilleur garant de la compétitivité des entreprises : la paix sociale, fustige le PS. “La BNB doit en effet être consciente qu’en évoquant une réforme du mécanisme d’indexation, en contradiction d’ailleurs avec l’accord du gouvernement, alors même que rien dans son étude n’indique une quelconque urgence, elle endosse une lourde responsabilité sur la détérioration du climat social.”

La FGTB, “outrée”, dénonce une nouvelle attaque sur l’index

La FGTB a dénoncé jeudi “une nouvelle attaque de la BNB sur l’index”. Certes, le gouverneur de la BNB a précisé qu’il ne revient pas à son institution “de prendre une décision politique en la matière”. Mais, dans un communiqué, la FGTB estime que “la finalité de l’étude est manifestement de collecter les arguments en vue de revoir les modalités du système d’indexation actuel. La principale piste retenue est celle qui aligne l’indexation sur l’objectif d’inflation de la Banque centrale européenne, à savoir une inflation de 2 % ou moins.”

Le syndicat juge qu’une telle mesure constituerait notamment “une violation des conventions collectives de travail en vigueur et ferait immédiatement sauter la paix sociale”.

Selon la FGTB, cette piste serait également “en rupture radicale” par rapport à l’objectif de maintien du pouvoir d’achat du système actuel d’indexation des salaires.

Rudy De Leeuw, président de la FGTB, qui siège par ailleurs au conseil de régence de la BNB, prend nettement ses distances avec l’étude de la banque centrale : “Il ne cautionne ni la commande de cette étude ni les recommandations qu’elle porte”, précise le syndicat socialiste.

Trends.be, avec Belga

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