Indexation des salaires : BNB et FGTB à couteaux tirés

© Montage Belga

La Banque nationale veut réformer le système d’indexation à plusieurs niveaux ? Le président de la FGTB dénonce une “attaque” contre l’indexation automatique des salaires et une “plaidoirie” pour l’augmentation des taxes sur la consommation.

La Banque nationale de Belgique désire qu’une étude poussée soit menée sur les différentes formes d’indexation en Belgique, a indiqué son gouverneur, Guy Quaden, lors de la présentation du rapport 2010 de la BNB. L’étude pourrait être réalisée par le Conseil central de l’économie.

“Plusieurs réformes du système d’indexation sont nécessaires, tant au niveau de la formation que des prix et des revenus”, estime Guy Quaden.

La BNB plaide ainsi pour une indexation moins élevée et moins volatile. L’inflation a atteint 2,3 % en Belgique en 2010, pour 1,6 % dans la zone euro. Fin décembre 2010, le taux est même passé à 3,4 %, pour 2,2 % dans la zone euro.

Comme fin 2007, lorsque les prix des produits pétroliers augmentent, l’inflation croît davantage en Belgique qu’ailleurs, rappelle Guy Quaden : “L’inflation est mauvaise pour tout le monde, épargnants, consommateurs, entreprises et gouvernements !”

Les prix du gaz et de l’électricité sont constamment indexés, regrette le gouverneur : “Ces prix subissent 12 indexations automatiques par an en Belgique, pour deux seulement aux Pays-Bas. En outre, la part de l’énergie dans le budget belge est de 11,2 %, pour seulement 9,6 % en ce qui concerne l’Union européenne. Des économies d’énergie sont donc souhaitables, tant d’un point de vue écologique qu’économique.”

La BNB recommande enfin de “renforcer le taux d’activité qualitativement et quantitativement” : “Il faut renforcer le potentiel de croissance et de compétitivité des entreprises et augmenter la demande de travail !”

“Une réforme de l’indexation automatique des salaires est inacceptable !” (FGTB)

Rudy De Leeuw, président de la FGTB et régent de la Banque nationale de Belgique, n’a pas approuvé le rapport de la BNB publié mercredi, indique-t-il dans un communiqué. Il reproche notamment au rapport de s’attaquer à l’indexation automatique des salaires et de plaider pour l’augmentation des taxes sur la consommation.

“Les menaces qui pèsent sur la liberté de négociation deviennent de plus en plus importantes en raison d’un suivi plus rigoureux de l’évolution des salaires et des attaques contre l’indexation automatique de ceux-ci”, estime-t-il.

Les discussions actuelles sur la concrétisation de la gouvernance économique en Europe sont également inquiétantes pour les travailleurs, prévient la FGTB : “Au lieu de tendre vers une coordination de la politique économique, en ce compris la politique fiscale, devant contribuer à une croissance durable de l’économie et de l’emploi, le débat, sous la pression du soi-disant modèle allemand, est de plus en plus ramené à des procédures nouvelles régissant la mise en oeuvre d’une politique d’austérité et de modération salariale.”

Le président de la FGTB admet qu’il a été tenu compte de certaines de ses remarques, mais il subsiste certains éléments qui l’ont empêché d’approuver le rapport : “L’introduction plaide en faveur de l’augmentation des taxes sur la consommation et est insuffisamment explicite quand il s’agit de citer la déduction des intérêts notionnels comme une déduction fiscale qui doit être évaluée d’urgence dans le cadre de la réduction du déficit budgétaire.”

L’introduction du rapport fait également référence à l’importance de la compétitivité au niveau du “coût salarial par unité produite”. Pour Rudy De Leeuw, “cette notion réduit le débat sur la compétitivité par les coûts aux seuls coûts salariaux alors que les coûts énergétiques deviennent un déterminant de plus en plus important de la compétitivité et ne sont nullement sous contrôle en Belgique.”

Le SNI recommande lui aussi une réforme de l’indexation

Le Syndicat neutre pour indépendants est d’accord avec les conclusions du rapport de la BNB relatives à la nécessité de réformer l’indexation, indique-t-il mercredi dans un communiqué : “Il faut étudier ce mécanisme car l’évolution des prix et l’indexation automatique des salaires créent un cercle vicieux et une spirale entre prix et revenus”, selon Christine Mattheeuws, présidente du SNI.

Ce syndicat estime qu’une réforme du système d’indexation automatique est nécessaire car celui-ci a une influence négative sur la compétitivité de l’économie belge : “Nous ne voulons pas abolir le mécanisme d’indexation mais nous voulons profondément corriger le système. Par exemple en instaurant un calcul trimestriel de l’inflation (au lieu du calcul mensuel) qui permet d’atténuer une évolution rapide des prix ou en faisant moins peser le prix de l’énergie dans le calcul de l’inflation.”

L’organisation des entrepreneurs indépendants regrette que le gouvernement fédéral démissionnaire ait enlevé l’étude sur l’indexation qui était prévue à la base dans l’AIP.

Trends.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content