Impôt sur la fortune : retour d’une fausse bonne idée ?

© Image Globe/Nicolas Maeterlinck

Pour le patron “faisant fonction” du PS, mieux vaut faire payer les riches que de serrer encore la vis budgétaire, au risque de “toucher au coeur de la mission de l’Etat”. Instaurer un impôt sur la fortune : est-ce réellement une bonne idée ? Pas forcément.

Thierry Giet, président faisant fonction du Parti socialiste, a remis jeudi sur le tapis l’idée d’une taxation accrue des revenus du capital à l’approche du contrôle budgétaire du mois prochain, assurant que le fédéral “ne peut plus jouer sur les dépenses”.

Recettes nouvelles : le PS repense à la taxation des plus-values sur actions

Pour trouver des recettes nouvelles, “des solutions existent au niveau des revenus du capital : je pense à la taxation des plus-values sur actions, qui n’est pas sur la table”, a-t-il affirmé dans une interview à La Libre Belgique. Le patron ff du PS a tenu des propos similaires lors de l’émission Matin-Première de la RTBF, évoquant des “niches fiscales” susceptibles de fournir des recettes supplémentaires.

Dans les deux cas, il a expliqué qu’aux yeux du Parti socialiste, “chacun doit pouvoir contribuer (aux efforts à fournir) proportionnellement à sa situation, selon ses moyens”. Or, selon lui, le nombre de millionnaires a augmenté de 10 % en deux ans en Belgique : “Il est normal qu’on les fasse contribuer plus !”

Le retour de l’impôt sur la fortune ou sur le patrimoine ? Mystère…

Le chef des socialistes francophones a toutefois refusé, sur les ondes de la RTBF, d’indiquer si le PS redéposera un projet d’impôt sur la fortune ou le patrimoine, proposition que les autres partenaires de la coalition gouvernementale ont jusqu’à présent rejetée.

Tony Giet a prévenu que toute nouvelle réduction des dépenses du fédéral frapperait “le coeur même de l’Etat”, comme la Sécurité sociale et des services comme ceux des pompiers. “En matière de dépenses, on peut toujours serrer la vis mais, si on continue, on va toucher au coeur de la mission de l’Etat.”

Impôt sur la fortune : le (mauvais) exemple français

Les manifestations de décembre dernier l’ont encore rappelé : l’instauration d’un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) figure parmi les revendications syndicales, singulièrement du côté de la FGTB. Est-ce réellement une bonne idée ? Pas forcément, si l’on observe l’exemple français.

“A l’heure où l’on semble chez nous – enfin – comprendre les méfaits de l’ISF, il m’est difficile de comprendre que d’aucuns imagineraient le voir instauré chez vous, pointait Jean Perrin, président de l’Union nationale des propriétaires de France, à l’occasion d’un colloque organisé mi-décembre à Liège par le SNP. Taxer les revenus du capital est une chose, ponctionner le capital en est une autre. Dans ce deuxième cas, cela prend la forme d’une véritable spoliation de la propriété !”

Chez nous, le seuil pour être soumis à l’ISF se situe à hauteur de 1.300.000 euros, résidence principale comprise, rappelait Jean Perrin. “Quant au taux, il oscille entre 0,55 % et 1,8 %, ce qui est d’autant plus énorme que la fortune imposée ne génère pas nécessairement un revenu, et que, quand bien même elle en génère un (en ce compris celui tiré des plus-values), il est de toute façon taxé.”

La Belgique ne sera-t-elle bientôt plus le refuge des Français échappant à l’ISF ? Si une telle mesure a bien figuré sur la table des négociateurs fédéraux au cours de la formation du gouvernement, elle a toutefois été écartée jusqu’à présent. La perspective de nouveaux efforts budgétaires pourrait relancer le débat…

Trends.be, avec Jean-Marc Damry et Belga

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