Il y a 40 ans : New York au bord de la faillite

Le port de New York en 1965. © BELGAIMAGE

Le président Ford refusait d’aider New York et parlait déjà de dépôt de bilan. Il faudra l’intervention du Français Valéry Giscard d’Estaing et de l’Allemand Helmut Schmidt pour qu’il change d’avis. Mais la ville ne sera plus jamais la même…

New York est passée à quelques heures de la cessation de paiement voici 40 ans, plombée par sa dette, la crise et une gestion incertaine. Un épisode impensable aujourd’hui, et dont elle mettra 20 ans à se remettre.

A l’automne 1975, la capitale économique des Etats-Unis se livre à des contorsions pour éviter le défaut de paiement. L’accumulation de déficits depuis plusieurs années et l’absence d’instruments de mesure financière efficaces ont été exacerbés par la crise pétrolière. New York ne peut plus emprunter sur les marchés depuis avril, les grandes banques lui ont claqué la porte au nez : le maire, Abraham Beame, un démocrate à la fibre sociale, ne leur a en effet jamais inspiré confiance. La crise s’est déjà transportée dans la rue. Des tonnes de déchets se sont amoncelés en pleine chaleur pendant une grève des éboueurs, inquiets pour leurs salaires.

Pourtant, Gerald Ford, président (républicain) des Etats-Unis, ne veut rien savoir : le 29 octobre, il parle déjà de dépôt de bilan et assure qu’il mettra son veto à tout plan de secours éventuellement voté par le Congrès. “Le président Ford voulait faire de New York un exemple : il a refusé de les aider jusqu’à la dernière minute”, estime Robert Polner, co-auteur du livre The Man Who Saved New York: Hugh Carey.

Il faudra que le président français Valéry Giscard d’Estaing et le chancelier allemand Helmut Schmidt le pressent d’agir pour que les lignes bougent. Le président américain accorde finalement 2,3 milliards de dollars d’aide fédérale à New York le 26 novembre. Pour la ville, le chemin de croix ne fait toutefois que commencer. Des milliers d’employés municipaux sont licenciés, de nouveaux impôts sont votés, des dépenses d’investissement sont gelées.

“La ville n’est pas sortie de cette spirale avant les années 1990, où l’on pouvait toujours voir la détérioration des parcs, des routes, des écoles, du système de santé”, considère Robert Polner. Après 1975, New York, dont le modèle social, très investi dans l’éducation et la santé notamment, avait été pionnier, n’a plus jamais été gouvernée de la même manière. Aujourd’hui, “New York est une ville formidable, mais pour qui ? Les gens aisés et très aisés.”

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