Il n’y aura pas de pacte énergétique en 2018

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“The proof of the pudding is in the eating”, diraient les Anglais (que l’on pourrait traduire par “le pudding, c’est quand on le mange qu’on le juge”), mais les exploits culinaires liés au pacte énergétique n’augurent pas vraiment de la haute gastronomie au menu de 2018.

Non, en 2018, il n’y aura toujours pas de pacte énergétique. Ou pour être précis : il y aura probablement un document portant ce titre, mais sans le contenu que nous pourrions en attendre. Le fait que les ministres compétents l’aient eux-mêmes rétrogradé de ‘pacte’ en ‘vision’, met en évidence la volonté des gouvernements d’éviter les mesures douloureuses en tournant autour du pot.

Cela est en grande partie dû aux prémisses. Le CD&V et l’Open Vld insistent sur le maintien de la sortie convenue du nucléaire, pour l’Open Vld une hausse des impôts est taboue et pour la grande industrie et la N-VA, la viabilité financière et la sécurité d’approvisionnement sont les dadas.

Les paroles et les actes

Il est très peu tenu compte des points de vue de l’opposition, pourtant nécessaires pour maintenir le cap d’une politique à long terme au cours des prochaines années. On opte donc pour des mots, les actes on préfère les reporter à la prochaine législature.

La transition vers une énergie plus renouvelable est inévitable. Les plus grands points d’interrogation sont la vitesse à laquelle celle-ci devra se dérouler et à quels coûts. Garder les centrales nucléaires ouvertes plus longtemps peut limiter la facture, sauf si le producteur en est le principal bénéficiaire. Une prolongation permet toutefois aussi une meilleure vue sur les coûts pour le démantèlement des réacteurs.

En 2018, l’ombre des élections planera sur les choix indispensables

Chaque option exigera des investissements. Si le choix tombe sur des centrales au gaz supplémentaires, les pouvoirs publics devront si nécessaire envisager d’initier eux-mêmes le parcours des demandes de permis, et de mettre des terrains à bâtir aux enchères via un appel d’offres public. Car d’ici à ce que l’Europe puisse donner son approbation sur un mécanisme de subvention pour les centrales à gaz non rentables, nous serons au gouvernement suivant.

Demi-solutions

Le côté positif du débat actuel est qu’il soit mené, et que la question de la base chiffrée vienne sur la table. Si, comme prévu dans l’accord gouvernemental, cela s’était déroulé fin 2015, un pacte raisonné serait possible. En 2018, l’ombre des élections planera toutefois sur les choix indispensables.

Ce qui contribuera, une fois de plus, à des demi-solutions. L’Allemagne a choisi de faire financer son virage énergétique par les ménages et les PME et vise le développement d’une industrie énergétique verte. La Suède est revenue sur la décision de fermer une centrale nucléaire et a décidé de la maintenir ouverte plus longtemps car elle veut d’abord devenir neutre en CO2.

La Belgique, en tant qu’axe central du réseau énergétique européen, a l’opportunité d’écrire une histoire positive. Or, nous risquons à nouveau de rester sur notre faim, parce que la politique de sortie du nucléaire se résume à des déclarations d’intention, mais dans quelques années, nous devrons à nouveau prolonger la durée de vie de deux à quatre centrales nucléaires, par manque d’élaboration d’alternatives.

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