“Il faut cesser d’attaquer les spéculateurs alors que l’économie mondiale est en péril”

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Entre la dette grecque, les rumeurs sur l’Espagne ou encore le bug de la Bourse de New York… la semaine a été marquée par une panique boursière historique. Mais pour Philippe Dessertine, directeur de l’institut de hautes finances, les responsables ne sont pas forcément ceux que l’on désigne. Interview.

Entre la dette grecque, les rumeurs sur l’Espagne ou encore le bug de la Bourse de New York… la semaine a été marquée par une panique boursière historique. Mais pour Philippe Dessertine, directeur de l’institut de hautes finances, les responsables ne sont pas forcément ceux que l’on désigne. Interview.

Toute la semaine a été marquée par une véritable folie boursière. Comment expliquer l’attitude des marchés ?

Les fondements de l’économie toute entière sont fissurés. Jusque là, la solidité de l’économie mondiale était fondée sur les Etats, qui garantissaient aux investisseurs un fonds de finances sans risque. Mais avec l’explosion de la dette grecque, et les risques de restructuration, c’est toute l’économie mondiale qui est mise en péril. Les financiers sont en train de découvrir, un peu tard, ce que représente le monstre de la dette publique : l’augmentation du risque sur les marchés et l’impact des plans d’austérité sur les économies mondiales. Ces deux facteurs cumulés pèsent donc légitimement sur les achats des investisseurs.

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On a aussi évoqué la question des rumeurs sur l’Espagne. Est-ce que cela a joué ?

Cette semaine a été marquée par des rumeurs, notamment sur la dette espagnole, qui n’ont fait qu’augmenter la tension sur les marchés. Mais cela ne veut pas dire que l’Espagne n’est pas une source légitime d’inquiétude. Le pays est confronté à un chômage massif, qui atteint aujourd’hui 20%, et est très fortement endetté. Ces rumeurs se nourrissent donc d’une situation existante réelle. Et il me semble que la classe politique doit changer de discours à ce sujet.

C’est-à-dire ?

Je suis un peu inquiet par l’attitude des politiques qui s’attaquent aux spéculateurs, aux financiers, ou encore aux agences de notation pour voiler le problème plus important des Etats. La psychologie des marchés existe. La spéculation aussi. Mais nous sommes face à une situation inédite où la réaction des marchés actions se justifie par des informations très inquiétantes. Alors entendre certains politique s’en prendre à l’amoralité des acteurs de la finance quand la Grèce a un besoin immédiat de 9 milliards d’euros et qu’elle n’a plus rien dans ses caisses, c’est un peu surprenant.

Comment expliquer les bugs qui ont affecté les Bourses mondiales jeudi dans la journée ?

Ils sont inexplicables et c’est bien ce qui est inquiétant. Alors que les Bourses vivent un moment crucial, il est impératif de pouvoir compter sur la fiabilité des outils. Qu’un trader se trompe sur une opération capitale au moment même où la Planète finance est prête à exploser, et que la cotation n’ait pas été suspendue, que dans la même journée Euronext suspende la diffusion des indices européens pour un problème technique, voilà qui est complètement inimaginable, voire inacceptable. A mon sens, les pouvoirs publics ne peuvent rester à l’écart de cette problématique.

Propos recueillis par Julie de la Brosse
Trends.be, L’Expansion.com

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