Guerre commerciale ou pas, la Chine vend ses drapeaux à Trump

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Si Donald Trump brandit l’étendard de la guerre commerciale contre la Chine, cela n’empêche nullement une usine du pays asiatique de faire fortune en vendant des drapeaux à la gloire des Etats-Unis… et du président américain.

Les deux puissances ont commencé à s’imposer mutuellement des droits de douane punitifs sur des dizaines de milliards de dollars d’importations. Mais l’entreprise Jiabao, plantée au milieu des champs de maïs et des mûriers de la province de l’Anhui (est), semble bien loin de ces soubresauts.

Une dizaine de pavillons de différents pays claquent au vent devant l’usine, les ouvriers s’activent à leur poste et les machines à coudre bourdonnent dans un environnement coloré par des drapeaux du monde entier.

Parmi eux, un best-seller: des bannières bleues et blanches de campagne électorale appelant à une réélection du président américain dans deux ans. “Trump 2020: pour que l’Amérique conserve sa grandeur!”, proclame l’étendard.

Donald Trump fustige depuis des années les importations chinoises, appelle à “acheter américain” et a lancé cette année une confrontation ouverte avec la Chine en riposte à des pratiques commerciales qu’il juge “déloyales”.

Mais dans l’usine de drapeaux, on reste insensible à la tempête déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

“Chaque mois, on peut facilement vendre plus de 10.000 banderoles destinées à la campagne électorale de Donald Trump de 2020”, affirme Yao Dan, qui a créé l’entreprise familiale en 2014 dans la ville de Fuyang.

Demande en hausse

La compagnie fabrique des drapeaux “de pratiquement tous les pays, principalement pour l’export”, dont les Etats-Unis, explique sa soeur Yao Yuanyuan, 33 ans, la directrice de l’usine.

A l’approche de l’élection présidentielle américaine de 2016, l’entreprise avait pendant trois mois produit exclusivement des drapeaux pour la campagne de Donald Trump, afin de pouvoir satisfaire la forte demande.

L’usine ne peut identifier qui est l’acheteur final de sa production.

L’actuel conflit commercial entre Pékin et Washington n’a pas eu d’impact notable et les drapeaux en rapport avec les Etats-Unis font toujours partie des meilleures ventes, souligne Mme Yao.

“La demande est d’ailleurs en hausse”, souligne-t-elle. “Le marché n’est pas encore saturé. Nous espérons accroître notre production et augmenter la taille de notre usine. On espère doubler cela en l’espace de trois ans.”

Donald Trump est parfois accusé par ses détracteurs d’avoir une vision simpliste des relations économiques sino-américaines et certains reprochent à sa fille Ivanka de continuer à faire produire en Chine pour sa marque de produits de mode.

Enfants à l’usine

Le succès de l’entreprise de drapeaux est une aubaine pour les ouvriers, principalement d’ex-mères au foyer ou des femmes qui, sans l’usine, auraient peut-être été contraintes d’aller chercher du travail dans d’autres provinces.

Elle travaillent aujourd’hui suivant des horaires flexibles et gagnent environ 3.000 yuans par mois (380 euros), un salaire honnête dans la région.

“Je voulais travailler ici car c’est près de chez moi et puis ils payent plutôt bien”, explique Qi Chunyan, 40 ans, en train de coudre une bande blanche de la bannière étoilée américaine.

“Ça me permet de prendre soin de mes enfants et des personnes âgées de ma famille.”

Certaines ouvrières viennent aussi directement à l’usine avec leurs bambins pendant les vacances d’été, lorsqu’ils n’ont pas classe.

“Quand personne n’est à la maison pour surveiller ma fille, je l’amène ici pour qu’elle puisse jouer et surtout voir que le travail des adultes est difficile”, explique Wang Bingqin, 45 ans, devant sa fille de 10 ans en train de couper des chutes de tissu.

“Voir tout ça, ça lui sera utile quand elle grandira.”

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