Grève du 30 janvier : “Vous jouez avec le feu !”

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“La Belgique a commencé trop tardivement les réformes : plus nous attendons, plus ce sera difficile”, prévient le directeur général de la FEB. Il juge la grève générale du 30 janvier – qui paraît désormais inévitable – parfaitement irresponsable.

Grève générale : “Les syndicats jouent avec le feu !” (Pieter Timmermans, FEB)

Les syndicats, qui avaient déposé un préavis de grève, ont annoncé mardi que la grève générale du 30 janvier prochain était désormais inévitable (lire ci-après). Ils estiment notamment que la concertation autour de l’accord de gouvernement se met trop lentement en place et s’avère peu concluante.

“Les syndicats jouent avec le feu, dénonce Pieter Timmermans, directeur général de la Fédération des entreprises de Belgique, mercredi sur les ondes de Radio 1. La Belgique a commencé trop tardivement les réformes. Plus nous attendons, plus ce sera difficile !”

Le directeur général de la FEB juge la grève particulièrement irresponsable : “Nous étions précisément occupés avec la concertation, à créer des perspectives.” Tout cela, selon lui, est désormais remis en question. “Tout laisser aller est la garantie de foncer droit dans le mur dans quelques années.”

FEB : Aucune grève nationale n’a jamais favorisé une croissance du PIB !”

Le 14 décembre dernier déjà, le patronat belge dénonçait le préavis de grève déposé pour le 30 janvier en ces termes : “La FEB a déjà souligné à plusieurs reprises que l’accord de gouvernement était, à maints égards, également difficile à accepter pour les chefs d’entreprise. La FEB trouve dès lors l’attitude des syndicats néfaste pour le pays à tous points de vue. Leur stratégie frappe les entreprises en tant que moteur de l’emploi et de la prospérité, complique encore la reprise de notre économie, menace de mettre le feu aux poudres, au risque de placer à nouveau notre pays sur le radar des marchés financiers, et attise le risque de récession.”

Le même Pieter Timmermans enfonçait alors le clou : “Aucune grève nationale n’a jamais favorisé une croissance du PIB, ni de la prospérité. Au lieu de faire la grève, les syndicats seraient mieux avisés d’entamer le dialogue avec les employeurs pour examiner la politique que les partenaires sociaux pourraient développer en vue de conforter et de soutenir l’action du gouvernement. Les pays où gouvernement et partenaires syndicaux agissent de concert résistent en effet mieux aux tempêtes économiques.”

La grève générale du 30 janvier est désormais inévitable, selon les syndicats

Les syndicats socialiste, chrétien et libéral ont indiqué mardi que la grève générale du 30 janvier prochain était désormais inévitable. Ils estiment que la concertation autour de l’accord de gouvernement se met trop lentement en place et s’avère peu concluante. Le front commun syndical craint par ailleurs que de nouvelles mesures d’austérité touchent les travailleurs et les allocataires sociaux.

Aucune manifestation générale ne sera organisée par les syndicats. Des rassemblements ne sont toutefois pas exclus, ont-ils précisé : “Un jour de grève générale le 30 janvier prochain s’avère nécessaire pour convaincre le gouvernement et les employeurs de tenir pleinement compte de la réalité sociale des travailleurs et des allocataires sociaux”, déclare le front commun syndical.

Les syndicats estiment tous les trois être sur la même longueur d’onde. Claude Rolin, secrétaire général de la CSC, rappelle que les syndicats avaient déjà adressé un mémorandum commun après les élections.

Concertation sociale : “C’est un constat d’échec !”

Si le front commun syndical reconnaît un début de concertation, il estime que les avancées restent largement insuffisantes et craint par ailleurs de nouvelles mesures d’austérité. “Nous n’allons pas nous exprimer sur les modalités liées à la concertation car les interlocuteurs sociaux souhaitent travailler dans la discrétion et que le travail se poursuive”, précise Audrey Lhoest (FGTB).

Le syndicat socialiste précise toutefois que ce qui se trouve sur la table reste, à ses yeux, largement insuffisant. Craignant des nouvelles mesures d’austérité visant les travailleurs, la FGTB estime qu’il faut chercher l’argent dans le secteur financier et bancaire, “seul responsable de la crise”.

A la CSC, on se posait la question de la pertinence d’une grève mais on considère aujourd’hui que la concertation n’a apporté à ce stade aucun résultat concret, aucune correction n’ayant été apportée à l’accord gouvernemental : “C’est effectivement un constat d’échec, il y a juste eu un début de concertation, avec un agenda et quelques réunions”, déplore Claude Rolin.

La grève générale du 30 janvier est aussi préventive, selon le syndicat chrétien, “face aux nouvelles mesures que compte prendre le gouvernement lors du prochain contrôle budgétaire”. Les agences de notation elles-mêmes disent aujourd’hui que des mesures d’austérité seules ne peuvent que conduire à une décroissance, souligne Claude Rolin.

A la CGSLB, on estime également que le gouvernement n’a pas lâché assez de lest, et qu’au contraire, il envoie de mauvais signaux en prévoyant de nouvelles mesures d’austérité : “La concertation est au point mort, indique Didier Seghin. On n’est pas nulle part, mais les avancées sont tellement faibles. Economie ne veut pas dire austérité. Il est facile de viser les salariés et les allocataires sociaux, mais il faut chercher l’argent un peu partout.”

V.D., avec Belga

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