Greenpeace a-t-il dépassé les bornes ?

Le clip voyant un faux Di Rupo torturé par la “mafia nucléaire” fait grincer bien des dents dans les rangs politiques. Et en déguisant ses activistes en militants PS pour une manif’ devant le siège d’Electrabel, Greenpeace a fait monter la pression d’un cran avec le parti du Premier ministre.

Le clip de Greenpeace s’attaquant à Electrabel et présentant un faux Elio Di Rupo torturé par la “mafia” nucléaire, dont nous vous parlions ici-même dès hier matin, remporte un certain succès sur les réseaux sociaux depuis lundi. Le contenu du clip choque cependant le monde politique.

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Sur La Première (RTBF), Emilie Hoyos, coprésidente d’Ecolo, a indiqué ne pas apprécier “l’instrumentalisation de l’image des politiques”, estimant par ailleurs que “l’excès” nuit en tout. A ses yeux, cependant, il n’en demeure pas moins qu’Electrabel pratique un “chantage” en annonçant la fermeture de centrales électriques et donc des pertes d’emplois, et en organisant la “pénurie” en guise de protestation contre la fermeture des centrales nucléaires.

Le clip est jugé “peu acceptable” par Joëlle Milquet, ministre (cdH) de l’Intérieur citée dans Le Soir. Celle-ci estime notamment qu’il témoigne d’un “non-respect” à l’égard “du Premier ministre et de la fonction qu’il représente”.

­Greenpeace parme de “deuxième degré”, Electrabel de “démagogie”

Dans plusieurs médias, Michel Genet, directeur de Greenpeace, assume le contenu du clip, “du deuxième degré” qui permet de faire passer un message fort : “Que les gens se réveillent et ouvrent les yeux, c’est plutôt bien !”, indique-t-il dans Le Soir.

Greenpeace Belgium a par ailleurs diffusé, sur le Net, une vidéo de ses “grimpeurs”, suspendus “à plus de 70 mètres de haut sur le bâtiment d’Electrabel” et adressant un “message à Elio Di Rupo”. Ils demandent au Premier ministre de “respecter sans ambiguïté la loi sur la sortie du nucléaire et à ne pas céder au chantage d’Electrabel”.

Electrabel parle, de son côté, de “démagogie” et de “manque total de respect”.

Des militants Greenpeace se font passer pour des militants PS devant le siège d’Electrabel

Greenpeace n’en est pas resté là et a organisée mercredi une autre action au siège d’Electrabel à Bruxelles. Ses militants se sont fait passer pour des militants du PS :

Dans un court communiqué, le PS a condamné “la récupération de son image par Greenpeace, qui dupe les citoyens par des procédés de plus en plus douteux”. Comme n’importe quelle ONG, Greenpeace a le droit de faire passer les messages qu’elle souhaite, mais “qu’elle en assume au moins la paternité au lieu de tromper les citoyens de manière totalement déloyale”, souligne le Parti socialiste.

Sur Twitter, Gilles Mahieu, secrétaire général du PS, a estimé que “faire de faux tracts PS, c’est utiliser les mêmes méthodes que le FN face au FG” (Front des gauches).

Faire de faux tracts PS, c’est utiliser les mêmes méthodes que le FN face au FG #buzzàtoutprixtueledébat

— Gilles Mahieu (@gillesmahieu) June 27, 2012

Greenpeace : pour Paul Magnette, “le buzz éclipse le débat de fond”

Paul Magnette, tout avouant qu’il “bien #greenpeace Ce à quoi Greenpeace Belgium a répondu par deux tweets : “Nous constatons que le buzz est nécessaire pour que notre message soit entendu”, suivi de “Et nous sommes ouverts à un débat de fond… depuis des années”.”, estime sur Twitter que l’organisation environnementale est victime de sa “fascination” pour la communication : “Le buzz éclipse le débat de fond, dommage.”

J’aime bien #greenpeace mais la ils sont victimes de leur fascination pour la com : le buzz eclipse le debat de fond, dommage

— Paul Magnette (@PaulMagnette) June 27, 2012

A l’inverse, David Pestieau, responsable du service d’études du PTB, trouve, sur son propre compte Twitter, “très inquiétant pour la liberté d’expression le flot de critiques contre la vidéo de #Greenpeace dénonçant #Electrabel et gouvernement”. Dans un second tweet, il estime que, si la pub de Greenpeace est effectivement “choc”, la situation du nucléaire en Belgique est en elle-même “choquante”, avec “la mainmise géant privé sur gestion d’un bien de première nécessité”

Greenpeace Belgium défend l’expression “mafia” pour parler d’Electrabel

Quant à Greenpeace Belgium, il explique l’expression “mafia” sur un site dédié à cette campagne : “Cela fait des décennies que GDF Suez Electrabel prend en otage toute la politique énergétique du pays pour s’octroyer des bénéfices plantureux. L’électricien a recours à des pratiques qui font penser à la mafia : chantage, bénéfices monstres, “dans ma poche, pour ta pomme”, copinage et manque de transparence.”

Quant à savoir pourquoi l’organisation concentre ses attaques sur Electrabel, elle répond ceci : “Après la libéralisation du marché de l’énergie, GDF Suez Electrabel a été obligé de céder une partie de sa capacité nucléaire à EDF (qui possède la moitié de la capacité de Tihange) et E.ON (qui peut bénéficier d’une partie de la production électrique de Doel 1, Doel 2 et Tihange 1). Malgré cela, CGF possède encore 80 % de la capacité nucléaire, c’est toujours l’opérateur de toutes les centrales nucléaires en Belgique. Cette position lui permet de freiner la concrétisation de la loi de sortie du nucléaire.”

V.D., avec Belga

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